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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 3 novembre 1856, lundi après-midi, 2 h.

Je suis bloquée chez moi par la blanchisseuse que j’attends et qui ne vient pas ; ce qui me gêne assez car il fait très froid et je n’ai pas de feu. Suzanne est à l’autre maison et Mlle Le Boutillier va sortir ; telle est ma situation, mon cher petit homme, et j’ai les pieds comme des verrousa. Ceci me prouve mieux que tous les raisonnements du monde la nécessité de m’installer le plus tôt possible dans ma nouvelle maison. Il est probable que j’y entrerai jeudi ou samedi, pourquoi pas le VENDREDI ? Peut-être serait-ce le moyen de faire un pied-de-nez à mon guignon permanent que de choisir justement le jour où il doit être occupé ailleurs. J’y réfléchirai. En attendant, je crains que tu n’ailles au nouveau logis pendant que je suis ici de planton pour cette stupide blanchissarde qui paraît vouloir venir bien plus tard que d’habitude. Tout cela ne m’empêche pas de voir que je suis encore plus bête aujourd’hui que tous les jours, ce qui ne m’amuse pas beaucoup, et pourtant Dieu sait que l’amour vrai, profond, dévoué et tendre se cache sous cette couche épaisse d’ineptie et de billevesées domestiques. Quel dommage qu’il faille faire passer mon âme par le bec d’une plume… pour arriver jusqu’à ton cœur au lieu de te la donner tout naturellement dans un baiser.

Bnf, Mss, NAF 16377, f. 268
Transcription de Mélanie Leclère, assistée de Florence Naugrette

a) « verroux ».

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