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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 11 octobre 1856, samedi après-midi, 2 h.

Mon âme va au-devant de toi, mon cher petit homme, mais mon cœur, mes yeux et ma bouche t’attendent à poste fixe pour t’aimer, te voir et te baiser en chair et en os. Tâche de venir le plus tôt possible car il est déjà bien tard et voici plus de vingt grosses heures que je ne t’ai pas vu.
J’espère que, malgré l’absence de Quesnard et de Guérin, tout sea sera bien passé hier au festin et au raout de Mlle Allix. Tu me diras cela tantôt. Quant à moi, malgré ma crânerie apparente, j’avais l’oreille assez basse en vous quittant hier au soir car je pensais avec tristesse que je ne vous reverrais plus de la soirée. Aussi, je suis rentrée le plus tard possible pour user le plus mon temps et me dissimuler ma solitude. À force de flâner chez la marchande de broderie et chez la mère Gillet je suis parvenue à ne rentrer qu’à 7 h chez moi, où Suzanne, la soupe et Fouyou m’attendaient avec une égale impatience. J’ai dîné puis je me suis couchée, ce qui ne m’en a pas fait dormir davantage, au contraire, car j’ai passé une affreuse nuit, en proie à une insomnie des plus tenacesa et des plus fatigantesb. J’en ai profité pour repasser tous les plus petits incidents de notre bonne petite promenade et pour baiser de l’âme l’empreinte de tes chers petits pas.

Juliette

Bnf, Mss, NAF 16377, f. 250
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette

a) « tenace ».
b) « fatiguante ».

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