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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 28 déc[embre 18]70, mercredi soir, 4 h.

J’interromps ma partie de jeu entre Petit Georges et petite Jeanne pour te gribouiller en aparté quelques mots de tendresse pendant que ces deux chers petits diables se roulent sur le tapis en poussant des petits cris de joie. J’ai les mains si engourdies par le froid et par les douleurs que je ne peux pas tenir le bâton qui me sert de plume. Je t’ai fait dire par Mariette de tâcher de me procurer du bois par l’entremise de Mme P. Meurice. En attendant j’en ai fait acheter aujourd’hui mais cela n’a pas été sans peine car il paraît que la mairie a fait réquisitionner tout le bois des marchands du quartier et qu’ilsa ne peuvent en délivrer et en vendre que sur des bons de la mairie. Autre nouvelle grave : la blanchisseuse m’a dit qu’à partir de la semaine prochaine elle ne prendra plus notre linge faute de bois et de charbon pour le blanchir, le sécher et le repasser [1]. Je lui ai conseilléb de voir Mme P. Meurice qui peut-être pourra lui faire avoir un permis en règle pour en acheter. La bougiec naturellement va se trouver dans le même cas et bientôt je n’aurai plus d’autre feu que celui de mon cœur et pas d’autres lumières que celles de tes yeux adorés. Je ne m’en plains pas. Vive la République !

MLVH Bièvres, 130-8-LAS-VH 22 a, b et c
Transcription de Gérard Pouchain

a) « qu’il ».
b) « consiellé ».
c) « boujie ».

Notes

[1« À partir de la semaine prochaine, on ne blanchira plus le linge dans Paris, faute de charbon. » (Victor Hugo, Carnet, 30 décembre 1870).

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