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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 12 juillet [18]64, mardi après-midi, 4 h.

Je me familiarise lentement avec toutes mes splendeurs, mon cher bien-aimé, et je sens mon cœur encore bien gros chaque fois que je songe à ma chère petite masure illuminée par ton regard et radieuse de ton cher voisinage. Chaque fois qu’on me parle de la préférence que je dois accorder à ce merveilleux logis d’aujourd’hui sur celui plus que modeste que j’avais il y a un mois [1], on me blesse au plus sensible de l’âme et j’ai toute la peine du monde à me retenir de pleurer. Il faudra bien que je m’habitue à mon luxueux bonheur mais jusqu’à présent je n’en ressens que la tristesse.
Corbin vient de m’envoyer une provision de drogues à faire [une phrase illisible]. Décidément il est plus facile de guérir sans médecin que de s’en faire lâcher une fois qu’ils nous tiennent. J’en fais [illis.] expérience encore cette fois-ci. Du reste je continue d’absorber du [phrase illisible] sans pouvoir étancher ma soif. Le gargarisme de bicarbonate ne fait que m’écœurer jusqu’à présent. Je compte beaucoup plus sur l’effet du voyage que sur les médecines du docteur, quelques nauséabondes qu’elles soient. Le tout est d’arrivera là sans trop se prêter au [illis.] Corbin Diafoirus. J’espérais que tu reviendrais de [illis.] par chez moi mais je [vois  ?] que tu auras fait le grand tour pour rentrer chez toi et que je ne te verrai que ce soir. Cela étant je vais me mettre à ma lecture favorite, le William Shakespeare [2], que je n’ai pas encore achevé de lire bien que j’en sache les trois quarts par cœur. Et puis je [m’habillerai  ?] et puis je tâcherai de n’être pas trop blaireuse ce soir, et puis je te souris et puis je t’aime et puis je t’adore.

BnF Mss, NAF 16385, f. 186.
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette

a) « Le tout est d’arrivé ».

Notes

[1En mai 1856, Juliette Drouet trouve enfin un logement convenable, loué par Victor Hugo. La Fallue possède un merveilleux avantage : elle permet à Juliette Drouet de contempler à toutes heures Hauteville House. Pendant l’année 1863, Victor Hugo fait pour Juliette Drouet des projets de déménagement et lui choisit une maison au n° 20 de la rue Hauteville, qui n’est autre que sa première maison. Juliette Drouet à contrecœur finit par signer un bail de location. Elle y emménagera en juin 1864 (Pouchain, p. 284 et p. 301).

[2William Shakespeare est paru le 14 avril 1864 chez Lacroix.

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