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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1833 > BnF, Mss, NAF 16322, f. 26-27

[18]33a

Dimanche, 10 h. du soir

J’ai été bien méchante – bien folle – pardonne-moib – Si tu savais combien je souffre quand je crois m’apercevoir que tu es froid envers moi – Va, je souffre mille fois plus que ma pauvre âme n’en peut supporter – Mon amour – ma fierté sont bien souvent meurtris – à cause de notre position – et si tu négliges les rares occasions de me rendre les hommages et les soins que mon cœur a droit d’attendre de toi – tu comprends toute l’amertume de mon chagrin – Mon Dieu – tousc ces emportements qui se reproduisent si souvent – tueront ton amour, je le crains – Cette crainte me livre au découragement. Je voudrais mourir – ou m’en aller bien loin – Tout est préférable au malheur de perdre ton amour – Je ne sais pas si tu me comprends – mais je t’aime – je t’aime – Je donnerais mon sang – je donnerais ma vie – pour ne pas t’affliger une seule fois – et cependant, j’ai été injuste tantôt – Oh ! c’est que je t’aime trop, vois-tu – Je voudrais baiser tes mains, tes pieds – et mourir pour ton seul plaisir –
Je t’aime.

Juliette

Je suis bien souffrante et bien fatiguée – Je te conteraid demain les nouvelles misérables vexationse de ces ignobles gens du théâtre [1].

[Adresse]
Pr toi

BnF, Mss, NAF 16322, f. 26-27
Transcription de Jeanne Stranart et Véronique Cantos assistées de Florence Naugrette
[Souchon]

a) Date rajoutée sur le manuscrit d’une main différente de celle de Juliette Drouet. le mention « Icart » (propriétaire des lettres acquises par la BnF en 1969) figure au verso de la lettre.
b) « pardonnes moi ».
c) « tout ».
d) « compterai ».
e) « vexasions ».

Notes

[1Juliette Drouet fait probablement référence aux répétitions de Marie Tudor qui se déroulent alors en septembre, octobre 1833. Ces répétitions sont particulièrement mouvementées. Juliette, choisie par Victor Hugo pour jouer le rôle de Jane, subit la jalousie de Mlle George , maîtresse de François Harel, directeur du théâtre de la Porte-Saint-Martin. Les deux comédiennes partagèrent également la scène dans Lucrèce Borgia et La Chambre ardente cette année-là.

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