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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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8 décembre [1838], samedi après-midi, 1 h. ½

Bonjour mon cher petit bien-aimé, bonjour mon cher petit homme, vous pensez bien qu’il n’est pas l’heure que je vous marque ci-dessus. Ma pendule avance d’une heure. Ah ça mon cher petit bien-aimé, vous n’y pensez pas de promettre toutes les nuits que vous viendrez me chercher le matin pour faire mes emplettes et de ne pas tenir votre promesse. Je n’ai pas de bois aujourd’hui, il va falloir acheter des collerets [1] et geler de froid. Enfin vous le voulez et je reconnais qu’en cela comme en tout vous êtes le maître.
Je ne sais pas ce que tu fais de si pressé, mon Toto, mais je te vois moins que jamais et plus affairé qu’auparavant ta pièce. Je ne te demande [pas] de me dire la chose si tu crois devoir me la cacher mais il n’est pas probable que c’est une réimpression qui te prend tout temps à ce point là. Papa est bien i. J’aime bien mon Toto et puis je suis un peu inquiète et un peu beaucoup jalouse et puis je vous aime et voilà tout. Je suis prête à tout si vous venez je passerai seulement ma robe et coifferai mon vieux chapeau où pend comiquement un ruban dégommé. Jour papa. Je vous aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 214-215
Transcription de Sophie Gondolle assistée de Gérard Pouchain

Notes

[1Petits fagots de bois.

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