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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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14 novembre [1838], mercredi, midi ½

Bonjour mon cher petit bien-aimé, bonjour mon adoré petit homme. Je suis bien fâchée que depuis deux jours vous n’ayez pas eu d’eau pour vos yeux, à cause de votre entêtement et de votre esprit soupçonneux, car il y a autant de l’un que de l’autre ; pendant ce temps vos pauvres yeux travaillent et souffrent, sans avoir rien pour les soulager. Oh ! C’est très spirituel, je vous conseille de vous en vanter, il n’y a pas de quoi. Je devrais vous gronder encore bien plus fort pour vous corriger de me faire des promesses que vous ne tenez jamais, et pour vous donner plus de soin de la santé de votre chère petite personne qui n’en est que plus adorable, en dépit de votre méchanceté.
J’ai mal à la tête, mon petit bien aimé, et je n’ose pas compter sur ma soirée pour le dissiper. La chaleur du lustres et les vapeurs de toute la salle ne sont pas faits pour cela, trop heureuse encore si ma résignation et mon obéissance ne tournent pas contre notre tranquillité, c’est-à-dire contre mon bonheur, car je n’en ai pas d’autre que de te savoir tranquille et confiant.
J’ai envoyé les billets aux Lanvin, et même ceux de penaillon parce qu’il est probable qu’elle ne serait pas venue du tout. Maintenant j’attends ma fameuse MARMOTTE dont tu m’as fait cadeau hier au soir. Je l’entends tout à fait ainsi car jamais je n’aurais osé dépenser 20 F. pour un si petit besoin. C’est donc vous, vous seul, mon bien-aimé, qui m’en avez fait la galanterie. Merci mon petit homme, merci vous êtes charmant. Soyez aussi tranquille que je vous suis fidèle, aussi heureux que je vous aime, et je ne désire plus rien de ce monde-ci ni de l’autre.
À ce soir mon petit homme, car je n’ose pas espérer que tu viendras auparavant. Je vais bien penser à toi en t’attendant, et t’aimer de toute mon âme. Vous m’avez donné une bien bonne soirée hier, quand me donnerez-vous le pendant dans la vallée de Bièvres ? Il y a bien longtemps que vous me l’avez promis.
Je vous aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 146-147
Transcription d’Élise Capéran assistée de Florence Naugrette

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