Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1839 > Février > 19

19 février [1839], mardi après-midi, 1 h. ¾

Bonjour, mon cher petit bien-aimé, bonjour mon pauvre petit homme, comment vont tes yeux adorés ? Bonjour, je t’aime. J’aurais donné une année de ma vie pour que tu reviennes ce matin. J’espérais que tu le pourrais, malheureusement ce n’a pas été possible. Je t’aime, mon Toto, crois-le bien car c’est la vraie vérité. J’ai reçu une lettre de Mme Krafft tout à l’heure mais pour ne pas te désobliger je ne l’ai pas ouverte. Je t’aime, mon Toto bien-aimé, je t’aime. Ne sois pas jaloux, du moins de cette vilaine jalousie qui nous rend si malheureux. Et puis sois jaloux si tu veux, tu en as parfaitement le droit. Donne-moi des coups et aime-moi, ce sera très bien et très doux. Je t’aime, ainsi tu peux faire tout ce que tu voudras. D’ailleurs tu es la bonté et la douceur même tandis que moi qui fais la Sainte-Nitouche je suis la méchanceté, l’emportement et le diable en personne. À propos, j’ai le torticolisa ce matin : je ne peux pas tourner la tête, c’est pas très agréable et je ne m’étonne plus de votre raideur et de votre mouzonnerie tout le temps que vous a duré cette petite infirmité. Je vous pardonne et je vous demande la même indulgence pour moi car il est probable que je ferai triste mine aujourd’hui à moins cependant que vous ne veniezb avec votre beau visage rayonnant et heureux, auquel cas je serai très geaie et très heureuse. Vous êtes mon Toto bien-aimé et je vous adore de toute mon âme. Il faudra, mon Toto, que tu me mènes un de ces jours chez ma fille, il y a plus de trois mois que nous y sommes allés et vraiment c’est trop pour l’intérêt de l’enfant. Je vais te copier tout à l’heure ce que tu m’as dit et puis ensuite je me lèverai, c’est inutile de me lever auparavant, attendu que j’aurais très froid. Et d’ailleurs, je n’attends personne que VOUS, et vous n’êtes pas homme à vous scandaliser d’une femme couchée. Jour Toto. Je ris et je vous aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 175-176
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « torticoli ».
b) « que ne vous ne veniez ».


19 février [1839], mardi soir, 9 h

Vous pouvez revenir, mon Toto, vous pouvez faire ce que vous voudrez pour vous assurer de ma fidélité, vous me ferez plaisir. Je suis toujours souffrante, je voudrais être couchée avec vous pour me guérir. Je vous attends très tôt et dans les meilleurs sentiments du monde. J’espère que vous ne me rentrerez pas l’amour dans la gorge par de méchantes paroles. En attendant, je vous pardonne le Monsieur en redingotea que vous avez si ingénieusement inventé. Aimez-moi bien, allez, vous ne ferez que votre devoir car je vous aime, moi, de toutes mes forces et de tout mon âme. Avez-vous été au n° 334 ou 336 à gauche rue Saint-Honoré [1] ? Je voudrais, mon bijou, que vous en ayez le cœur net car enfin je ne serais pas fâchée de vous convaincre plusieurs fois dans votre vie que vous êtes une BÊTE. Quantb à ma lettre, Mme Pierceau ne l’a reçue que ce matin et il y avait au dos inconnue à revoir, chose qui ne s’explique pas, attendu que j’avais très bien mis le nom et l’adresse. Et puis vous êtes une très grosse bête de me faire dépenser mon encre et mon papier à vous donner des explications à la place d’amour. Je vous aime. Je vous aime. Je vous aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 177-178
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « redingotte ». Dessin du monsieur :

© Bibliothèque Nationale de France


b) « Quand ».

Notes

[1À élucider.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne