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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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6 septembre [1838], jeudi matin, 10 h.

Je suis bien triste et bien tourmentée, mon Toto, de ta longue absence. Je crains que ce ne soit quelque chose de fâcheux qui t’ait retenu. Enfin, je me tourmente de tout mon cœur. Je n’ai pas entendu parler de Manière depuis la lettre de Mme Krafft. J’espère cependant qu’il finira l’affaire aujourd’hui, ne fût-cea que pour me tirer d’inquiétude car je t’avoue que depuis que tu as éveillé mes soupçons, je ne suis pas tranquille. J’augure aussi très mal de ton absence et de l’affaire Joly et compagnie. Il me semble d’ici qu’elles ne doivent pas être étrangères l’une à l’autre. Si cela est, ce me sera une raison de plus de chérir et d’adorer le Sieur Joly. Une journée perdue pour moi, une journée d’amour peut-être, tout cela à cause de ces hideux goistapioux ? C’est ignoble. Je suis très mal montée contre eux ce matin et pour peu que tu tardes encore longtempsb à venir, je serai dans une véritable et mortelle inquiétude sur ce qui te retientc loin de moi. Je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 207-208
Transcription d’Élodie Congar assistée de Gérard Pouchain

a) « ne fusse que ».
b) « long temps ».
c) « retiens ».


6 septembre [1838], jeudi soir, 11 h.

Décidément, mon cher petit homme, le Manière devient inquiétant, il n’a pas paru chez Mme ; je crois qu’il serait temps de s’enquérir sérieusement demain de ce qu’il devient. J’ai vu Mme Pierceau qui est venue dîner avec moi ce soir, elle est dans les mêmes transes que nous. Au reste, comme elle est plus près de Mme Krafft que nous et qu’elle sort demain pour voir des logements, je lui ai donné un mot pour Manière. Dans le cas où il ne serait point allé chez Mme Krafft à midi, elle irait chez lui et si elle le trouvait, elle l’emmènerait tout de suite chez Mme Krafft. Je pense que tu ne m’en voudras pas d’avoir pris cela sur moi puisqu’elle savait déjà la chose par Mme Krafft. D’ailleurs c’est la probité et la discrétion même. Je suis bien fâchée que nous ayons été si confiants. Une autre fois cela ne m’arrivera plus. Vous êtes donc retourné à Boulogne, mon amour ? et la paille que vous m’avez apportéea n’était donc que pour m’empêcher de voir votre absence ! Je vous préviens que quand bien même vous m’auriez apporté une poutre [1] cela ne m’empêcherait pas de voir et de sentir que vous me manquez.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 209-210
Transcription d’Élodie Congar assistée de Gérard Pouchain

a) « apporté ».

Notes

[1Parabole évangélique sur la paille et la poutre.

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