Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1857 > Novembre > 23

Guernesey, 23 novembre 1857, lundi soir, 7 h. ¼

C’est vraiment un crime que de gâcher du beau papier blanc par un temps si noir et une humeur si grise, et je ferais beaucoup mieux de garder mon amour au fourreau que de le fourrer dans la bouteille à l’encre et de le tremper dans [illis. ] qui ruisselle du ciel jusque que dans les profondeurs de mon âme. Cependant comme vous êtes capable de me demander compte de cette abstention gribouillante, je me jette à cœur perdu dans la restitus avant que vous ne reveniez de chez votre barbière. D’abord et d’une je suis très vexée de ne m’être pas trouvée à votre fête hier au soir bien que cela ne se pouvait, puis et surtout parce que cela ne se peut pas ce qui est le comble de l’injustice. Ensuite je vous aime comme un chien ce dont je suis enragée et vous n’avez pas l’air de vous en douter, ce dont je suis profondément triste et humiliée. Tout cela n’est pas fait pour m’égayer beaucoup l’imagination sans compter que vous vous empiffrez de miroirs, de viers coffres et de damas des Indes à l’aune et à l’œil, ce qui n’est pas drôle du tout. Vous voilà, c’est bien heureux vraiment.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16378, f. 209-210
Transcription de Chantal Brière

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne