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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 5 février 1856, mardi après-midi, 3 h.

Je viens de recevoir une lettre de Mme Bertauta en contenant une pour toi. J’ignore ce qu’il y a dans la tienne ; quant à la mienne, je l’ai lue au milieu du carillon de mon pauvre cœur mis en branle par la lettre de cette dame ; aussi n’en aib-je pas bien compris le sens. Tout ce que j’ai cru entendre à travers l’étourdissante vibration de mon âme c’est que cette dame allait venir bientôt et qu’elle ne demandait pas mieux que de profiter de l’écartement de nos cœurs pour s’insérer le plus près possible du tien. Je ne lui en veux pas car depuis bien longtemps je pressentais que ce vide entre nos deux amours serait rempli par quelqu’un ou quelque chose. Le moment est arrivé, c’est à moi de me résigner. J’espère trouver dans mon amour même le courage de mon sacrifice et t’épargner l’ombre d’un remordsc et les douleurs du déchirement définitif. La présence de cette très charmante et très inévitable femme résoudra tout naturellement bien des difficultés et des scrupules crées par ta générosité d’honnête homme. Quant à moi, je tâcherai de mériter ton estime et peut-être ta reconnaissance. En attendant, mon pauvre trop bien-aimé, je veux te sourire comme si j’avais tout mon bonheur passé devant moi dans l’avenir. Je veux apparaîtred heureuse autant que je le serais si je sentais ton cœur adoré soudé au mien pour l’éternité. Je veux recevoir cette dame avec la plus bienveillante hospitalité. À défaut de sécurité et de confiance, je veux être calme et vaillante devant le danger. La certitude de succomber n’influera pas sur mes devoirs d’hôtesse, je te le promets. Jusque là, mon cher petit homme, je vais faire provision de courage et d’abnégation, ce ne sera pas ma faute si je ne suis pas aussi héroïque que le voudraiente la situation et ton bonheur personnel. Quoi qu’il arrive je suis sûre que personne ne me dépassera dans mon amour pour toi.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16377, f. 42-43
Transcription de Chantal Brière
[Souchon, Massin]

a) « Berthaut ».
b) « n’ai ».
c) « remord ».
d) « à paraître ».
e) « voudrait ».


Guernesey, 5 février [1856], mardi soir, 7 h. ½

Cher adoré, ma vie, mon âme, je veux mériter le bonheur d’être aimée de toi à force de confiance. Ne la repousse pas car elle est bien entière, bien sincère et bien sainte. Tout ce qu’une femme peut donner à un homme de [1]

BnF, Mss, NAF 16377, f. 44-45
Transcription de Chantal Brière

Notes

[1La lettre s’interrompt ici. Voir lettre suivante.

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