16 février 1857

Guernesey, 16 février^a 1857, lundi soir, 7 h. ¼

Je ne me reconnais pas le droit de me reposer sur mes LAURIERS avant de t’avoir remercié de toutes tes munificences^b présentes, futures et passées. Cher adoré, c’est bien vrai que tu es bien bon même quand tu ne te crois pas suffisamment TIMBRÉ. Ce petit inconvénient à part et même bien compris, tu es adorablement bon, voilà ce que mon cœur te STAMPS [1] avec reconnaissance. Maintenant ce ne sera pas de ta faute si je n’ai pas un jour au moins une poire pour la soif d’après les deux splendides poiriers que tu m’as fait planter tantôt. En attendant je crois qu’il faut que je me résigne à croquer le marmot [2] ce soir auprès de mon feu pendant que tu raouteras [3] chez MISS AILLEX. Justement te voilà, la suite au numéro prochain.

9 h.

Encore merci, mon ravissant petit homme, merci pour tout, pour la joie et pour le bonheur, pour les bibelots et pour l’amour. Merci, merci, merci, je t’aime, je t’aime, je t’aime. Sois gai et heureux ce soir, amuse-toi, repose-toi, pense à moi et aime-moi. Tâche de ne pas te coucher trop tard et de venir me voir de bonne heure demain. Je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16378, f. 34
Transcription de Chantal Brière

a) Juliette a écrit « juillet », le mot est barré et corrigé au-dessus en « février » suivi d’un point d’interrogation.
b) « mugnificences ».