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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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9 août [1838], jeudi matin, 11 h. ¼

Bonjour mon petit adoré, bonjour mon cher petit drognon. Je suis souffrante, je ne sais pas si ce sont les suites de mes migraines ou bien si je vais être malade comme une bête mais j’ai de la fièvre et de la courbature. Jour mon petit. Je sais bien un onguent miton mitaine [1] qui guérit tous les maux y compris la brûlure mais il est très difficile de s’en procurer. À propos, c’est aujourd’hui qu’on doit souhaiter la fête de Mme Krafft, nous ne sommes guère prêts mais je vais lui écrire une lettre que tu verras pour nous excuser auprès d’elle. Mon cher adoré, je voudrais être sûre que nous ferons un petit voyage après ta pièce finie pour être bien heureuse et bien contente et pour n’être plus malade du tout. J’aime mon Toto, j’adore mon Toto. J’ai beau être malade, j’aime mon Toto. Je ne connais que ça. Il fait bien beau aujourd’hui. Si mon Toto peut me faire sortir, cela me fera grand bien, s’il ne peut pas, je me résignerai, voilà tout. Je baise ses petits pieds de toutes mes forces et sa bouche de toute mon âme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 151-152
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain.


9 août [1838], jeudi soir, 5 h.

Tu travailles mon pauvre bien-aimé. Je ne t’en veux pas de ne pas venir quoique ma tête et mon cœur souffrent de ma solitude mais tu travailles, je dois me résigner. C’est ce que je fais autant que me le permettenta ma mauvaise nature et mon excessif amour. J’avais écrit à Mme Krafft pour nous excuser de ne lui rien envoyerb à l’occasion de sa fête. J’ai tenu à ce que voies la lettre de sorte qu’elle ne la recevra peut-être pas aujourd’hui pour peu que tu tardes encore longtemps à venir. Depuis hier je suis assommée par le mal de tête. J’ai toutes les peines du monde à t’écrire et si ce n’était pas toi et le bonheur que j’ai à te dire tout, je ne toucherais pas une plume d’ici à un an tant je souffre et que je m’ennuie. Je n’ose pas toucher à tes sachets [2] aujourd’hui à cause de ma tête, cependant je vais essayer car je sais que tu en es très pressé. Je t’aime mon Toto. Je suis un peu grognon. Cela tient à ce que je souffre et que je te vois pas mais je t’aime de toute mon âme et de tout mon cœur.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 153-154
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain

a) « permet ».
b) « envoyé ».

Notes

[1Remède qui ne fait ni bien ni mal (nous dirions aujourd’hui placebo).

[2On ne sait pas l’usage de ces sachets, dont elle parle depuis plusieurs jours.

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