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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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10 juillet [1838], mardi matin, 10 h. ½

Bonjour mon petit homme bien-aimé. Bonjour, mon petit Toi. Il n’y a pas pour moi de superlatif plus grand que toi. J’ai envoyé savoir des nouvelles de Claire, elle va tout à fait bien. Elle m’a fait demander à venir jeudi de cette semaine. Je n’y vois pas d’inconvénient si cela ne te contrarie pas. Quanta à la pauvre mère Lanvin, elle est plus que jamais malade. Je crains bien que ne soit pour toujours. Elle n’a aucune nouvelle de M. Pradier depuis celle qu’elle m’a donnée. J’ai reçu une lettre de Mme Krafft timbrée de ROUEN. Il paraît qu’elle court la prétentaine, elle est bien heureuse et je voudrais bien que nous soyons à sa place aujourd’hui. Quand donc MEAUX finira-t-il mon MAL ? Ta réponse se fait attendre. Il est probable que j’en ai encore pour longtemps. Vous voyez bien mon Toto que j’ai eu raison de prendre un acompte sur le bonheur que nous nous devons. Dorénavant, je ferai toujours comme cela avec d’autant moins de scrupule que ça sera donnant donnant. Jour, onjour. Je vous aime. Vous êtes très joli et je suis jalouse. Je le dis en riant mais c’est bien vrai. Donnez-moi votre bec, je vous livre le mien et venez à tire d’ailes, si vous ne planez pas trop haut.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 37-38
Transcription de Sandra Glatigny assistée de Gérard Pouchain

a) « quand ».


10 juillet [1838], mardi soir, 8 h.

Décidément, mon Toto, j’aime mieux rester chez moi car ce soir j’ai le désagrément d’être encore importune attendu que M. D. [1] n’était pas venu depuis trois jours, qu’il vient d’arriver et que les mines y compris la mienne sont des plus longues et des plus bêtes. Décidément, j’aime mieux rester chez moi sur mon pieda.
Je t’aime mon Victor adoré. Je t’adore mon Toto. Je compte plus que jamais sur notre petit voyage. L’espoir seul de passer deux jours entiers avec toi me donne du courage et de la patience. Je voudrais bien en attendant que tu ne viennes pas me chercher trop tard ce soir et que tu me donnes quelquefois de certains petits quarts d’heure qui font tant de bien. Je t’aime, mon amour. C’est le cri du toucan amoureux et je n’en sais pas d’autres. Ne te bouche pas les oreilles, encore moins le cœur et laisse-moi le crier de toute la hauteur de mon bec. Je t’aime mon Toto. Je t’aime mon Toto. Je t’aime mon Toto.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 39-40
Transcription de Sandra Glatigny assistée de Gérard Pouchain

a) Dessin d’un toucan :

© Bibliothèque Nationale de France

Notes

[1À élucider.

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