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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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16 mai 1873

Guernesey 16 mai [18]73, vendredi, 8 h. 10 m.

Cette fois, mon grand bien-aimé, j’ai prêché d’exemple et j’ai le droit à mon tour d’exiger que tu aies bien dormi et que ton bobo ne te fasse plus souffrir. Nous verrons si tu as tenu ta promesse et si tu es dans ton programme comme moi dans le mien. J’attends avec impatience le moment d’envoyer chez toi pour ne pas te déranger.
Je serais bien heureuse si Suzanne m’apportait des nouvelles selon mon cœur. J’espère que oui. Je pense d’après mon propre agacement combien tu dois être ennuyé et gêné de la présence des ouvriers et j’espère pour toi comme pour moi au jour où ils déguerpironta de nos deux maisons.
C’est aujourd’hui que la Broisine vient compter et chercher de l’argent. C’est te dire que je suis déjà à sec de toile. Je t’en préviens pour te tenir au courant. Suzanne fera l’intérim tout le temps que tu ne pourras pas aller à la banque. Aime-moi, soigne toi, je t’adore et je te bénis.

BnF, Mss, NAF 16394, f. 141
Transcription de Maggy Lecomte assistée de Florence Naugrette

a) « déguerpirons ».


Guernesey 16 mai [18]73, vendredi, 10 h. du m.

Je ne suis qu’à demia contente, mon pauvre adoré, puisque tu n’as pas bien dormi et que ton appétit se trouve solidaire de ton insomnie. D’un autre côté, ton pied pour se guérir exige une quasi immobilité ce qui complique fâcheusement la question. J’espère que Suzanne trouvera le moyen de tout concilier dans le plus bref délai possible. Jusque là, il faut tâcher de prendre tes arrêts forcés en patience et tâcher de mieux manger et de dormir davantage, si tu veux que moi-même j’en fasse autant de mon côté. Je compte beaucoup pour cela sur notre promenade tantôt. Il faudra te bien couvrir car le vent est toujours aussi froid et aussi fort qu’hier malgré le beau soleil.
Que penses-tu de ma proposition audacieuse d’hier : une seconde lecture de Quatrevingt-treize, s’il vous plait ? Hum ! Hum ! Hum ! Moi et vous pas dire, mais j’entends d’ici : fichez-moi la paix ! Madame Juju vous êtes une vieille goulliafe taisez-vous ! Ce que je fais en murmurant bis ter et quater et sempiternellement.

BnF, Mss, NAF 16394, f. 142
Transcription de Maggy Lecomte assistée de Florence Naugrette

a) « demie ».

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