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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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4 juin 1838

4 juin [1838], lundi matin, midi ¼

Bonjour mon petit bien-aimé, ce n’était pas la peine de prendre si bien nos dimensionsa cette nuit pour rien. Au reste Claire n’est pas encore arrivée. Quoiqu’il soit à ma pendule midi un quart, il n’est en réalité pas encore onze heures.
Je vous aime, mon Toto, quoique vous ne soyez pas l’auteur de Capsali [1], je vous aime.
À propos nous avons oublié hier dans nos arrangements [le blanchisseur ? la blanchisseuse ?] et le vin de la bonne, ce qui change un peu notre opération, sans compter que dans deux jours, c’est le mois de la bonne. Tout ça n’est rien moins que gaib. Je ne veux pas m’arrêter à cette idée-là pour ne pas t’ennuyerc, mon amour, c’est déjà bien trop que tu sois forcé de passer toutes tes nuits à travailler pour moi. Comment vont tes pauvres yeux adorés ? Je voudrais les baiser. Mon Victor chéri, ton dévouement ne fait pas que je t’aime plus parce que c’est impossible, mais il est cause que je te vénère et que je t’admire autant que je t’aime. Je te dis mal cela mais je le sens bien.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 228-229
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain

a) « dimentions ».
b) « gaie ».
c) « ennuier ».


4 juin [1838], lundi soir, 6 h. ½

Je suis seule, mon bien-aimé. J’ai envoyé chez Mme Lanvin qui a dit qu’elle avait chargé son mari d’amener Claire ce matin avant d’aller à sa journée. Il faut qu’elle soit en retenue. Pourvu qu’il ne lui soit rien arrivé et qu’elle ne soit pas malade, c’est tout ce que je demande. Mme Pierceau non plus n’est pas venue, de sorte que je me vois en tête-à-tête avec une espèce de dîner que j’ai en horreur quand il faut le manger seule. Enfin j’ai mon chapeau, c’est toujours ça, mais l’impatience et l’inquiétude m’empêchenta de le trouver joli. Et toi qui ne viens pas non plus. On dirait que tout le monde s’entend aujourd’hui pour me tourmenter. Il va pleuvoir d’une drôle de manière, je n’y vois pas à t’écrire et il est six heures et demie. Si encore l’orage pouvait te faire venir, je m’en réjouirais mais tu es peut-être dans la Plaine-Saint-Denis ou dans le Champ-de-Mars à l’heure qu’il est. Je t’aime trop, voilà le fait.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 230-231
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain

a) « m’empêche »

Notes

[1Capsali est le héros du drame d’Ozaneaux Le dernier jour de Missolonghi, créé à l’Odéon le 10 avril 1828. Bocage interprétait le rôle de ce général missolonghiote. Il est repris à la Porte-Saint-Martin depuis le 1er juin. Victor y a emmené Juliette.

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