7 janvier 1873

Guernesey, 7 janvier [18]73, mardi soir, 4 h. ¼

Je t’écris tard, mon cher bien-aimé, parce [que] j’ai pris un bain ce matin et parce que j’ai craint de te manquer, ce qui m’a pris une grande partie^a de ma matinée. Heureusement que je n’ai pas perdu mon temps puisque j’ai réussi à te bien voir en plein soleil comme Apollon^b. Ensuite j’ai donné audience à La Broisine plus cent francs dans la caisse de Suzanne. Elle m’a remis toute une bibliothèque de livres de comptes dont je ne pense pas tirer grand profit pour toi, mais pour elle qui me paraît pleine d’espoir de rentrer dans ses nombreuses mais imprudentes avances passées. Dès que je le pourrai je règlerai cet arriéré arriéré. J’avais fait force de voiles et de rames, de peignes et de brosses pour être prête à sortir avec toi et j’y étais parvenue quand le temps s’est assombri sans parler d’une atroce douleur à la jambe gauche qui me fait boiter jusqu’à terre. C’est donc encore une fois, hélas ! partie remise mais j’espère que ce ne sera pas pour longtemps. Je viens de recevoir une lettre de la mère Lanvin me rendant comptes de tes commissions et des miennes. Elle n’a pas réussi à voir Mme Charles qui allait se mettre au bain mais elle a vu les deux petits enfants qui sont merveilleusement bien-portants et aimables. Elle a payé le loyer de ma maison. C’est elle qui est allée toucher chez P. Meurice qui l’a très bien reçue mais il n’y a rien de nouveau encore pour son fils. Il ne me reste plus [illis.] pour le mot de la fin il n’y a plus place que pour le mot de la fin : je t’aime.

BnF, Mss, NAF 16394, f. 6
Transcription de Maggy Lecomte assistée de Florence Naugrette

a) « parti ».
b) « Appollon ».