3 mai 1877

Paris, 3 mai [18]77, jeudi midi

Je suis prête au dehors comme au-dedans ; il ne me reste plus qu’à mettre mon cœur en règle envers toi et envers moi avant de sortir. Je t’aime, mon grand petit homme, autant, sinon plus, que le premier jour de mon amour. J’ai toutes les juvénilités du cœur et toutes les superstitions mystérieuses de l’âme que j’avais autrefois, qui font que je ne laisse pas passer un seul jour de ma vie sans te le dire en paroles et en actions et sous toutes les formes. Je ne suis pas tranquille quand je sors si je n’ai pas laissé derrière moi ma chère petite restitus comme otage de ta vie et de la mienne et comme gardienne de notre bonheur mutuel.
Aujourd’hui encore je lui confie tout ce que j’ai de meilleur, de plus tendre et de plus vénérable pour toi dans le cœur, afin que tu le retrouves dans tous les cas… Je t’adore, mon grand bien-aimé, je te souris et je te bénis.

BnF, Mss, NAF 16398, f. 121
Transcription de Guy Rosa
[Souchon]