Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1847 > Mars > 17

17 mars 1847

17 mars [1847], mercredi matin, 11 h.

Bonjour, mon toujours plus adorable et plus adoré bien-aimé, comment va ton rhume ce matin ? Il fait bien beau aujourd’hui mais pour ce genre d’indisposition cela n’a pas grande influence, car il faut que la moucherie ait son cours. Aussi je crains que ce matin tu ne sois encore plus souffrant qu’hier. Je t’attends avec une tendre et inquiète impatience que tu comprends bien, n’est-ce pas mon doux adoré ? J’ai hâte de savoir où tu en es de ton coryzaa et j’ai besoin d’approcher les lèvres de tes lèvres et de respirer ton souffle. J’ai besoin de mettre mes yeux dans tes yeux, mon cœur sur ton cœur et mon âme dans ton âme. Dépêche-toi de venir auprès de moi dès que tu le pourras, je t’en serai bien reconnaissante.
Ne crains rien de toutes ces hideuses histoires d’avant-hier, mon bien-aimé, elles n’arriveront jamais chez toi [1]. Du moins j’y ferai tout mon possible. J’essaierai d’être calme et résignée devant toutes ces odieuses turpitudes. Ne t’en inquiète donc plus mon Victor chéri et ne pense qu’à venir me rejoindre le plus vite possible.
Je t’aime à deux genoux et je t’embrasse de toutes mes forces.

Juliette

MVH, α 7858
Transcription de Nicole Savy

a) « coriza ».


17 mars [1847], mercredi soir, 5 h. ¾

Je te donne la plus grande marque de courage et d’amour qui soit en moi, mon Victor, en résistant à la tristesse que ton absence me cause. Je veux que tu sois sans inquiétude et sans remords loin de moi, pour cela je m’efforce d’être calme et heureuse. J’espère, et c’est surtout cette espérance qui fait mon courage, que je te reverraia ce soir. D’ici là je vais bien des fois regarder ma pendule et soupirer après minuit, bien heureuse si j’entends ton cher petit pas retentir dans le vestibule au dernier coup de ce même minuit. Je l’espère plus qu’il ne faudrait peut-être, si j’étais plus prudente qu’amoureuse, plus raisonnable que tendre. Enfin il faut bien que je tâche d’arriver à cette nuit sans trop de peine ; pour m’y aider je m’appuie sur la bonne promesse que tu m’as faite, au risque qu’elle ne me plante là au bon moment. Enfin je fais comme je peux, voilà tout.
Quelleb belle journée aujourd’hui, mon Victor, et quel regret c’est pour moi de n’en avoir pas profité avec toi. Demain par exemple je compte bien aller te chercher à l’Académie. L’empêchement que je ne veux pas prévoir ne viendrait que de toi, ce qui serait fort triste. Mais cela ne sera pas je l’espère, et je renforce ma patience avec cette double perspective de bonheur pour cette nuit et pour demain. D’ici là, pense à moi, sois-moi bien fidèle et aime-moi, et je te promets d’être un écho bien exact de mon côté.

Juliette

MVH, α 7859
Transcription de Nicole Savy

a) « reverai ».
b) « quel ».

Notes

[1Allusion aux reproches de Mme Rivière (voir lettre du 15 mars) sur la conduite de Juliette pendant la maladie de sa fille Claire.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne