23 janvier 1877

Paris, 23 janvier [18]77, mardi, 1 h. ½ après midi

Cher bien aimé, tu n’as pas bien dormi cette nuit et maintenant tu oublies l’heure du déjeuner…
Cher petit homme, je reprends mon gribouillis où je l’avais laissé, non plus pour me plaindre de ta nuit ou pour plaider en faveur de ton estomac, mais pour te prier de m’aimer et d’avoir bien soin de te garder du froid qui d’après Petite Jeanne est très piquant en ce moment. Quant à elle, la chère petite, elle va on ne peut mieux, est plus aimable que jamais et semble très contente de dîner chez M^me Balli aujourd’hui.

6 h. ½

Tout semble conspirer contre ma pauvre restitus pour l’empêcher d’arriver jusqu’à toi mais on n’y parviendra pas parce que ce que le cœur veut, Dieu le veut, en dépit de tous les obstacles. Bon, voici le tour de Lesclide, « tu quoque  » ; lui aussi se met de la partie pour me faire perdre patience. Heureusement que je touche au mot de la fin qui est pour moi le mot suprême : je t’aime.

BnF, Mss, NAF 16398, f. 24
Transcription de Guy Rosa