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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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14 mai 1838

14 mai [1838], lundi matin, 10 h. ½

Bonjour mon cher petit bien-aimé, bonjour mon bon petit homme. Je m’attendais à ce que vous reviendriez cette nuit, après la petite visite domiciliaire que vous m’aviez faite, c’était bien le moins que de revenir pour tout de bon vous coucher pour tout de bon auprès de votre vieille Juju. Mais je pense mon pauvre adoré que tu auras pioché encore toute la nuit pour avoir de l’argent pour moi, c’est-à-dire pour le Jourdain et pour le blanchisseur. Nous aurions plus d’économie à voyager. Pendant ce temps là, nous ne ferions pas faire de cheminées qui ne sont bonnes qu’à fumer et nous serions les plus heureux gens de la terre. Et puis il y a encore de bien beaux clochers que tu n’as pas vus, de beaux vieux châteaux qui t’attendent avant de s’écrouler tout à fait et cette bonne MER qui ne demande pas mieux que de vous montrer ce qu’elle sait faire. Tout cela mon petit Toto, est-ce que ça n’est pas suffisant pour vous faire prendre une chemise dans une poche, trois paires de chaussettes dans l’autre et NOS passeports pour l’étranger ? Si c’était de moi que cela dépendait nos places seraient retenues ce soir à la diligence, c’est que je t’aime [illis.].

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 148-149
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette


14 mai [1838], lundi soir, 11 h. ¼

Mon pauvre bien-aimé, j’ai bien souffert tantôt. Jamais je crois ma jalousie n’a été plus cruellement éveillée. Mon Dieu que c’est donc affreux de soupçonner d’infidélité l’amant qu’on aime plus que sa vie. Mais si tu as été si bon, si admirablement bon que je suis rassurée. Ce serait trop affreux et trop impossible d’être le plus misérable homme au fond du cœur et le plus ravissant et le plus sublime par les yeux et les [lèvres  ?]. Mon pauvre bien-aimé, je te demande pardon. Je te demande pardon de t’avoir soupçonné. Je te demande pardon de t’aimer trop. J’ai toujours bien mal à la tête, c’est une effroyable migraine. Je n’ai pas pu manger. Aussi cette pauvre Mlle François a-t-elle fait un triste dîner, elle venait pour me demander de l’argent. Aussi j’ai été plus que jamais dans mon droit de lui en refuser, ce qu’elle a parfaitement compris. Mais je t’aime, mais je t’aime, mon Dieu c’est bien vrai. Prends ma vie, mon sang, mon âme et je te bénirai. Je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 150-151
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette

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