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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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22 octobre [1846], jeudi matin

Bonjour, mon bien-aimé, bonjour mon adoré petit Toto, bonjour mon doux aimé. Toute mon âme, tout mon cœur dans ce bonjour que je t’envoie avec mille baisers.
J’ai pensé à tout ce que tu m’as dit hier au soir, mon Victor chéri, et je te promets de faire tous mes efforts pour éloigner sans trop d’ingratitude apparente ce brave jeune homme à qui je dois d’avoir un souvenir des traits de ma pauvre fille [1]. Je sens tout ce que je lui dois pour cette bonne action, mais je sens encore plus ce que je te dois et ce que je dois à ta dignité et j’aimerais mieux mourir que de te déplaire, dussé-je me donner tous les torts de l’ingratitude et de l’égoïsme. D’ailleurs, ce que tu me demandes n’est que très juste et peut se faire d’ici à un temps donné que je saisirai avec l’empressement que tu mettrais toi-même.

10 h. ¼

Cher adoré, cette lettre commencée si tristement et si heureusement interrompue par ta douce présence n’a pas pu être achevée dans la journée à cause de tout ce que j’avais à faire avant d’aller te rejoindre. Je la finis à présent parce que je ne veux pas te demander crédit. C’est bien le moins que je paie mes dettes à un bon petit homme comme toi. Aussi je te baise et je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16364, f. 221-222
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette


22 octobre [1846], jeudi soir, 10 h. ½

Je poursuis ma liquidation comme tu vois, mon cher petit Toto. J’y trouve trop bien mon compte pour différer d’une minute. Cependant j’avoue que ma probité ne va pas jusqu’à ne pas désirer d’être interrompue par vous au beau milieu de mon opération, quitte à vous rembourser le reste demain matin.
Merci, mon bien-aimé, merci mon doux adoré, merci de m’avoir conduite à l’atelier de M. Vilain pour le portrait de mon pauvre ange. Merci de tous les conseils si justes que tu lui asa donnés et qui, bien compris par ce jeune homme, lui feront faire un portrait charmant de cette pauvre chère enfant. Merci de m’avoir attendue ce soir, merci de tout car tout ce que tu fais pour moi me pénètre de reconnaissance et d’amour. Sois béni dans toute ta ravissante famille, c’est la prière que je fais au bon Dieu pour toi tous les jours. Quand je pense que je vais te voir tout à l’heure, tout mon être saute de joie et de bonheur. Ô je t’aime mon Victor ! Je t’aime plus que tu ne peux le désirer, plus que je ne saurais te le dire. Je t’aime plein moi, plein la terre, plein le ciel et plein Dieu.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16364, f. 223-224
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette

a) « a ».

Notes

[1Victor Vilain, élève de James Pradier, a réalisé des bustes et des médaillons de Claire, la fille de Juliette Drouet morte le 21 juin 1846.

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