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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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9 octobre [1849], mardi midi ½

Je suis prête, mon bien-aimé, je t’attends avec toutes les joies de mon cœur [sous  ?] les armes et prêtes à faire feu lorsque tu paraîtras. Tâche seulement de ne pas leur faire faire une trop longue faction. Je sais bien que plus tôt je te vois, plus tôt mon bonheur est passé, mais mon impatience ne se paye pas de cette triste raison et elle trouve qu’il vaut mieux un bon Toto tu tiens que deux Toto tu auras. Je suis assez de son avis, c’est pourquoi je vous supplie de vous dépêcher bien vite. Savez-vous, mon cher petit homme, que je ne sais pas où vous prenez le point de jonction de l’amour et du plaisir. Quant à moi, je l’ignore complètement et si jamais je voulais opérer cette section entre votre cœur et…. le reste, je serais fort embarrassée pour séparer ces deux choses sans tailler dans le vif. Je vous conseille donc, mon petit homme, de laisser ces deux parties de notre amour soudées l’une à l’autre et de ne pas essayer de les séparer pour n’importe quelle Olympe [1] ou quelle Poléma, ce sera le parti le plus sage et le plus sûr, c’est moi qui vous le dit.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16367, f. 265-266
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Jean-Marc Hovasse


9 octobre [1849], mardi midi ¾

Voilà déjà plusieurs fois que je m’impose la privation de ne pas t’écrire le matin dans la crainte de retarder le tantôt quand tu viens me chercher, et chaque fois cette précaution n’a servi qu’à te faire venir beaucoup plus tard que l’heure convenue. Décidément, je n’ai pas de chance pour ce genre d’attention, cependant j’aime encore mieux que ce soit ainsi que de te faire attendre, même une minute, parce que ton temps est plus précieux que le mien et que je ne peux pas supporter l’ombre même d’un mécontentement ou d’une impatience de toi à moi.
Aussi, mon petit homme, je me résigne à mon sort tant bien que mal parce que j’espère que ma patience sera récompensée et que tu n’iras pas à l’assemblée sans moi. Si je croyais le contraire, je ne serai pas si résignée, tant s’en faut. Je vous attends et j’espère, voilà le secret de ma patience. Je vous aime et je vous adore. Voilà pourquoi je ne vous HAIS pas. Taisez-vous, beau Pécepin, et songez qu’il ne faut qu’un moment pour perdre votre talisman et avec lui votre beauté et votre jeunesse.

Juliette

MVHP, Ms, a8289
Transcription de Michèle Bertaux et Joëlle Roubine

Notes

[1Vraisemblablement Olympe Pélissier.

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