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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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4 septembre [1849], mardi soir, 8 h.

Je ne suis pas tranquille, mon bien-aimé, car il me semble que cette petite promenade de tantôt ne t’a pas fait de bien. J’examinais avec attention toutes les impressions que tu ressentais et je n’en aia pas vu aucune qui m’ait paru venir du bien-être, de la convalescence, du grand air et de la locomotion. Aussi je ne suis rien moins que tranquille. Je voudrais que Vilain fût déjà allé chez toi et chez moi pour me dire comment tu te trouves de cette sortie peut-être trop précoce [1]. En attendant, je me tourmente et je t’aime avec une égale activité. Du reste je ne vois que des visages souffrants autour de moi. Ma sœur [2] est restée à demi couchéeb toute la journée et n’a pas dîné ce soir. Son mari [3] est courbaturé et de plus contristé du refus que vient de faire son ami Alboisec du Pujol du provisorat de Brest. Il craint d’avoir affaire à un proviseur nouveau parce qu’il y a souvent entre le proviseur et les professeurs des chipoteriesd fâcheuses [4]. Il n’est pas jusqu’à ce pauvre Fouyou qui ne soit très malade depuis trois jours. Enfin, mon pauvre adoré, de quelque côté que je me retourne, je ne vois que ton beau visage si doux attristé par la souffrance. Ton image et ta pensée me suivent partout comme toujours mais au lieu de m’emplir le cœur de ta beauté et de ta gaieté sereine, elles m’inquiètent et m’affligent parce que j’y vois ta souffrance. Cette pensée me trouble tellement l’esprit que je ne sais ni ce que je dis, ni ce que je fais. Je sens que tu souffres et que je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16367, f. 243-244
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Jean-Marc Hovasse

a) « n’ai ».
b) « couché ».
c) « Alboize ».
d) « chippoteries ».

Notes

[1Victor Hugo souffre d’un rhumatisme aux jambes depuis les premiers jours du mois de septembre.

[2Renée Koch.

[4Depuis le 6 février 1843, Louis Koch enseigne l’allemand au lycée de Brest, après avoir obtenu « le brevet d’aptitude pour l’enseignement des langues vivantes ». (Lettres familiales, p. 17.)

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