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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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31 juillet [1849], mardi matin, 7 h.

Bonjour, mon trop aimé Toto, bonjour, mon inépuisable amour, bonjour, et que tout ce que tu désires et tu aimes soit à toi. Je te donne mon cœur et mon âme, fais-en ce que tu voudras, je te les livreb en pieds et poings liés. Pauvre bien-aimé, as-tu mieux dormi cette nuit que l’autre ? L’effet du bouquet mesmérien s’est-il produit en doux rêves et en long sommeil ? Je voudrais le savoir pour me réjouir de ce bon résultat. En attendant, je viens de donner la volée à mon petit prisonnier. Je l’avais posé sur une des lames de la persienne au soleil levant. Après s’y être réchauffé pendant quelques minutes, il a pris son vol du côté des arbres et des fleurs. Bon voyage, beau papillon, bien des choses chez vous. Quand donc prendrons-nous notre volée aussi nous du côté du soleil de l’herbe, des arbres des fleurs et de toutes les choses aimables, charmantes et heureuses de la création ? Je finis par croire que ce ne sera plus jamais. Ô comme je bénirais la main bienfaisante qui nous ouvrirait la porte des champs et du bonheur. Mais, hélas ! la providence n’a pas de ces puériles bontés pour moi et peu lui importe que je crève de tristesse et de découragement dans mon pauvre coin abandonné.

Juliette

MVHP, Ms, a9052
Transcription de Joëlle Roubine et Michèle Bertaux

a) « donnes ».
b) « livres ».


31 juillet [1849], mardi soir, 9 h. ½

Je ne veux pas me coucher sans t’avoir dit bonsoir, mon doux adoré, et sans avoir saturé toute ta chère petite personne de tendresse et d’amour. Comment vas-tu mon bien-aimé ? Quel effet t’a fait ton bain ? bien n’est-ce pas ? Tu feras bien de te coucher de bonne heure pour te reposer car tu sais que l’effet du bain c’est d’affaiblir. Quant à moi qui veux aller à la halle demain de bonne heure je vais me coucher dès que je t’aurais fini ce gribouillis. Je n’ai pas pu t’envoyer tes journaux ce soir parce que je n’ai pas eu le temps de les lire et que je voulais te les envoyer tous ensemble. Peut-être ai-je mal fait ? Dans ce cas-là je regretterais ma mauvaise inspiration et je t’en demanderais humblement pardon. Pauvre doux être adoré, après le bonheur de t’aimer je ne connais rien de plus charmant que de m’humilier devant toi, de baiser tes pieds et de t’adorer dans toute ta splendeur. Que tu es bon de daigner fraterniser avec mes affreux aristos [1] demain. Je suis sûre qu’au fond de leur cœur d’aristocrates, ils en sont bien fiers et bien heureux, et moi donc ! Quel bonheur !!!!!!!!!!!!!

Juliette

BnF, Mss, NAF 16367, f. 217-218
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Jean-Marc Hovasse

Notes

[1M. et Mme de Montferrier.

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