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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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17 avril [1838], mardi matin, 10 h. ½

Bonjour mon petit Toto. Oui vous êtes un très joli garçon. Voime, voime. Je demanderai un lit de sangle une autre fois, comptez là-dessus et buvez de l’eau. Je suis furieuse, si je ne me respectais pas je vous dirais un tas d’injures que vous méritez. Jour vieux Toto. Il fait un froid de loup, j’aurais bien besoin d’une bonne fourrure pour me réchauffer mais vous qui faites si bien les calemboursa vous n’avez pas eu l’esprit de vous fourrer dans mon lit en guise de moine, ce qui vous aurait tenu chaud au dehors et au-dedans. vous êtes une bête. Avez-vous pensé à l’affaire de Mme Kraft ? Il serait bon si tu veux lui donner suite de ne pas différerb trop longtemps à lui écrire. Au reste je m’en remets tout à fait à ta sagesse et à ton loisir, c’est toi qui en as eu l’idée, ainsi c’est à toi de la continuer si tu crois que cela peut avoir un heureux résultat pour mes épinards. Jour pa, jour man, à bientôt n’est-ce pas ? Tu pourras nous mener chez la mère Pierceau pour cette pauvre Claire qui ne s’amuse que médiocrement en tête-à-tête avec moi. Et puis fais ce que tu voudras, je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 54-55
Transcription de Mathieu Chadebec assisté de Gérard Pouchain

a) « calembourgs ».
b) « diférer ».


17 avril [1838], mardi soir 5 h.

Vous êtes bien méchant pour cette pauvre Claire, mon petit Toto, qu’est-ce que cela vous faisait de nous mener chez Mme Pierceau ? Vous trouvez cependant bien naturel et bien bon de donner le plus de plaisir que vous pouvez à vos enfantsa qui sont quatre pour jouer entre euxb, et vous vous raidissez pour donner quelques heures de distraction à cette pauvre petite qui ne vient qu’une fois par mois et qui n’a personne à qui parler chez moi, je vous en veux de n’avoir pas mis plus de complaisance envers cette enfant. Elle aussi est victime de vos lubies. C’est étendre bien loin votre despotisme. Enfin il faut vouloir ce qu’on ne peut empêcher. Je t’aime, tu es mon amour et quoi que tu fasses je t’aime toujours de toute mon âme. Il fait froid et vilain aujourd’hui et je ne vois pas trop ce que tu peux faire dans la rue. Je crois plutôtc que tu es chez toi ou en visite ou en comité. Pense à moi si tu peux et aime-moi si tu as le sens commun, car jamais ton amour ne sera mieux placé. En attendant qu’il plaise à votre majesté de venir nous voir, je lui baise les mains, les pieds, les cheveux, la bouche et toutes ses dépendances.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 56-57
Transcription de Mathieu Chadebec assisté de Gérard Pouchain

a) « enfans ».
b) « entreux ».
c) « plustôt ».

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