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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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3 mai 1859

Guernesey, 3 mai 1859, mardi matin, 10 h. ¾

Bonjour, mon cher adoré, bonjour de toute mon âme. Je viens de finir Les Hallebardiers [1] afin que tu puisses me donner tantôt quelque chose à copier sans désemparer. J’espère que tu as passé une bonne nuit, mon pauvre divin piocheur, et que tu te portes bien depuis la tête jusqu’aux pieds. Quant à moi, je suis patraque depuis un bout à l’autre de ma vieille carcasse. Je n’ai pas une petite place où ne se soit logéea une grosse douleur. Pourvu que cela n’aboutisse pas à une prochaine paralysie générale, je m’estimerai encore très heureuse de n’avoir que la souffrance et la maussaderie qui en est inséparable. Mais je ne sais pas si je me résignerai de bonne grâce à n’être plus qu’une masse végétante et inerte. Je serai peut-être à même plus tôt encore que je ne le crois de faire cette triste expérience. Justement on frappe, je crois que te voilà. Non, car je n’entends ni ta voix ni ton pas. En attendant que ce malheur m’arrive (je parle de ma podagrerie imminente), je t’aime comme une bonne et vraie vivante que je suis encore et je te baise à mort.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16380, f. 117
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette

a) « logé ».

Notes

[1Juliette cite ici le poème XII de la Première Série de La Légende des siècles : Le régiment du baron Madruce dont le premiers vers est « Lorsque le régiment des hallebardiers passe ». (Œuvres Complètes de Victor Hugo, tome X, Jean Massin, p. 615).

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