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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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1er avril 1844

1er avril [1844], lundi matin, 10 h. ¼

Bonjour, mon petit Toto bien-aimé, bonjour, cher amour, mon cher amour, bonjour, comment vas-tu, comment m’aimes-tu ? Moi, je t’aime, mon Toto chéri, et je vais bien. C’est-à-dire que mes douleurs d’entrailles sea sont déplacées ; je les ai maintenant dans le dos de l’estomac jusque dans le cou que je ne peux pas remuer, ce qui prouve que ce sont des douleurs rhumatismales et non des douleurs d’inflammation comme je l’avais cru d’abord. Aussi, je vais me lever et me secouer, c’est le meilleur moyen de guérir de ce genre d’indisposition. Cela ne te forcera pas à me faire sortir pour cela, mais je me dispenserai de graines de lin et d’amidon. Un peu de régime suffira. Voilà, ça vous fera enrager, mais ça m’est égal. Vous comptiez être débarrassé de moi pendant longtemps, et pas du tout, j’en RAPPELLE MON PRÉSIDENT [1]. J’aurai des douleurs aiguës de rhumatismesb mais je ne serai pas malade, au contraire, et je m’ordonnerai de SORTIR depuis le matin jusqu’au soir parce que la position HORIZONTALE ne vaut rien pour ce genre de maladie. Baisez-moi cher petit, et aimez-moi, si vous ne voulez pas que je sois méchante comme plusieurs loups enragés. Je vous aime, moi, et je ne veux pas être malade. Voilà ma résolution prise pour toute la vie.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16355, f. 1-2
Transcription de Mylène Attisme assistée de Florence Naugrette

a) « ce ».
b) « rhumatisme »


1er avril [1844], lundi soir, 9 h. ½

Mon cher petit bien-aimé. Je ne veux pas vous accuser injustement, mais convenez avec moi que les apparences sont bien trompeuses, et que vous avez tout l’air d’un homme qui me trompe. Cette chemise si bien cachetée, cette ouvrière sublime et si bon marché, cette sollicitude pour la lingerie de [Charlot] [2], tout cela accompagné de sermonsa sur la première communion a bien l’air d’un puff [3] pour abuser de ma crédulité et de ma simplicité. Ne vous y fiez pas cependant, car je suis plus que jamais en train de vous soupçonner. Taisez-vous et méfiez-vous.
Je ne t’ai pas regardé partir, mon amour, parce qu’au même moment, il y avait une croisée en face de moi, un commis qui avait l’air de s’intéresser à ce qui se passait chez moi, ce qui m’a forcée à lui fermer la fenêtre sur le nez. Ce que je ne manque jamais de faire chaque fois que l’occasion se présente. Du reste je suis furieuse contre ce hideux olibrius qui m’a privée du bonheur de te voir quelques secondes de plus. Je t’aime, mon cher amour. Oh ! oui, je t’aime, mon Toto ravissant, tu peux en être bien sûr comme si tu voyais mon cœur. Je t’aime, je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16355, f. 3-4
Transcription de Mylène Attisme assistée de Florence Naugrette

a) « sermon ».

Notes

[1À élucider.

[2Lecture douteuse. Charlot est le surnom de Charles Hugo.

[3Puff : mystification.

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