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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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30 mars 1837

30 mars [1837], jeudi matin, 11 h. ½

Bonjour mon Oto, quoique vous soyez bien indigne de ce nom après le manque de promesse de cette nuit. Je vous aime cependant, je ne saurais m’en empêcher quoique vous fassiez. Ainsi, il faut en prendre votre parti.
Il fait un temps ravissant et si vous aviez un peu du cœur d’autrefois vous feriez dès à présent notre paquet pour un petit voyage ravissant. Mais vous êtes bien changé, mon cher bien aimé, car vous aimez mieux rester chez vous. Encore si c’était chez moi je ne m’en plaindrais pas.
Je me suis réveillée plusieurs fois cette nuit au moindre bruit, espérant que ce serait vous. J’ai été bien attrapée comme vous voyez. Je n’ai pas encore vu ma femme de ménage ce matin, peut-être ne viendra-t-elle pas, ça serait encore plus drôle. Heureusement que j’ai encore des vivres pour une journée au moins.
Jour, mon petit Oto, jour un vieux bête, je ne veux pas vous bouder parce que c’est me bouder à moi même, mais convenez cependant que vous le méritez bien. Je vous pardonne pas mais je vous aime. Voilà la chose, je vous adore même si vous voulez le savoir et je vous baise de toute mon âme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 327-328
Transcription d’Érika Gomez assistée de Florence Naugrette


30 mars [1837], jeudi soir, 9 h.

Mon cher petit homme adoré, je ne sais pas si c’est un piège que vous m’avez tendu tout à l’heure en revenant chercher les numéros de la presse, dans tous les cas je peux vous dire que

31 mars [1837], midi

vous m’avez fait le plus grand bonheur en revenant sur vos pas et que vous devriez faire tous les jours comme ça. J’ai eu beaucoup de fièvre cette nuit et mes lèvres en portent la trace. Je ne me sens pas encore très bien ce matin, ce qui, vu la circonstance, est très ennuyeuxa. Je vous aime mon Toto chéri et bien aimé.
Je vous aime de toute mon âme. J’admirais tout à l’heure votre petit tableau, on peut bien le dire, et je ne sais pas comment je ferai pour choisir entre les deux. C’est bien mal à vous de me mettre dans un cas aussi embarrassant. J’aurais été si heureuse si vous m’aviez voulu laisser prendre les deux, je ne sais pas ce que je vous donnerais pour [ça ?]. Tout ce que vous voudriez d’abord, et ensuite plus que vous ne voudriez, car je vous donnerais tant d’amour que vous ne sauriez qu’en faire. Hein, ça ne vous tente pas ? Allons, je prendrai mon courage à deux mains et je… je ne sais pas ce que je…. mais je sais que quoi que vous fassiez je vous adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 329-330
Transcription d’Érika Gomez assistée de Florence Naugrette

a) « ennuieux ».

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