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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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29 mars 1837

29 mars [1837], mercredi matin, 11 h.

Jour, mon petit homme bien aimé. Je suis déjà levée et toutes mes croisées ouvertes. J’espérais que tu viendrais cette nuit. Il paraît que votre accouchement sea sera prolongé assez tard puisque vous n’êtes pas revenu. Il faut que je sois d’une fameuse pâte pour vous permettre de faire tant et de si beaux enfants sans moi. Mais patience, je ne serai pas toujours aussi bonasse et il faudra bien qu’un jour vous m’en fassiez au moins UN.
Il fait un temps ravissant. N’oublie pas qu’il faut reconduire Claire aujourd’hui. Je voudrais que ce fût assez tôt pour qu’elle ne perdît pas sa leçon de piano.
Je n’ai pas fait avertir encore ma vieille [illis.]. Ça m’ennuie de voir de nouveaux visagesb, j’aurais voulu pouvoir m’en passer mais à l’impossible… etc. Que le diable emporte les servantes qui font des enfants ! Tandis que moi, hélas et trois fois hélas !!! Cependant si vous vouliez mon cher petit Oto, il en est encore temps. Hein ? Voulez-vous ?
Je t’aime mon cher petit bien aimé, je t’aime dans ma pensée, je t’aime dans ma vie, je t’aime dans mon sommeil, je t’aime dans mes rêves, je t’aime dans mon cœur, je t’aime dans mon âme.
Je t’aime, je t’aime, tu es mon tout. Tu es mon Toto adoré.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 323-324
Transcription d’Érika Gomez assistée de Florence Naugrette

a) « ce ».
b) « nouveau visage ».


29 mars [1837], mercredi après midi, 1 h. ½

Cher bien-aimé, vous êtes tellement mon tout que je ne pense pas à m’impatienter de la position bête dans laquelle je me trouve et qui n’est rien moins qu’amusante. Une pauvre vieille femme qui n’a pas la force de faire grand chose en supposant qu’elle sache faire quelque chose, c’est pas beaucoup amusant. Si nous étions encore dans le carême, j’offrirais à Dieu ce petit désagrément. Comme nous n’y sommes pas, je vous l’offre à vous qui êtes aussi mon Dieu, plus aimé et mieux servi que l’autre, à ma honte.
Jour mon petit O, jour, onjour, je vous aime de tout mon cœur. Je suis bien bonne et bien patiente, je travaille bien. Ça ne vous fâche pas ?
Je frissonne, je n’ai pas allumé de feu encore, et après déjeuner j’ai froid comme si nous étions en janvier.
J’ai voulu t’écrire parce que nous irons reconduire la petite tantôt [1] et j’aime à vous avoir donné mon petit tribut avant de m’en aller de chez moi parce que je vous aime, parce que je vous aime, petit Toto. Je voudrais bien vous baiser un peu, il y a bien longtemps que vous ne m’avez livré votre petite personne adorée.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 325-326
Transcription d’Érika Gomez assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Il s’agit de raccompagner Claire à sa pension à Saint-Mandé.

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