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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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27 mars 1837

27 mars [1837], lundi matin, 11 h.

Je vous écris une grande et grosse lettre mon Toto, parce que je veux aller au spectacle sans regret. Malgré votre promesse, mon cher petit homme, vous n’êtes pas revenu cette nuit. Je pense comme cette demoiselle que : le meilleur n’en vaut rien.
Ma Claire est arrivée fraîche et rayonnante, car on en est très content à la pension. Ce que voyant je lui donne pour œuf de Pâques une paire de gants en nos noms. Tu pourras choisir la main qui te plaira le plus. Vous êtes mon Toto bien-aimé et malgré votre conduite, je vous aime de toute mon âme. Il ne faut pas cependant que vous comptiez trop sur cet amour sans borne, car il ne suffit pas d’aimer pour être heureuse, il faut encore se croire aimée.
Hier, j’étais bien triste et bien désolée, mais je t’ai vu et tout de suite mon chagrin s’est calmé comme par enchantement, ta voix chérie a sur moi le même effet que la musique sur les fous. Aussitôt que je l’entends j’oublie toutes mes douleurs pour ne sentir que mon amour. C’est pour cela mon cher bien-aimé que vous devriez être plus prodigue de votre bienfaisante petite personne.
Aujourd’hui par exemple vous devriez tâcher de venir de bonne heure et vous réservez le plaisir de souper avec nous. Comme ça, ça se sera très gentil, autrement ce ne sera plus complet.
Jour, mon petit Loto, jour. Vous avez reçu une bien gentille lettre l’autre jour d’un M. de [illis.]. De temps en temps cela fait plaisir de lire quelque chose d’honnête et de naïf. J’aime mieux cela que toutes les platitudes perfides de certains individus que la pudeur m’empêche de nommer. Chère âme, vous avez tout, vous, adoration, et haine, dévouement et perfidie, la gloire et l’amour. Heureusement que le bien l’emporte sur le mal, car pour un misérable envieux vous avez cent mille âmes dévouées. Je ne parle pas de la mienne qui à elle seule contient plus d’amour et d’admiration que tout le monde.
C’est bien vrai, mon cher adoré, je t’aime autant et plus que tout, je t’aime d’amour.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 319-320
Transcription d’Érika Gomez assistée de Florence Naugrette

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