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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1835 > BnF, Mss, NAF 16324, f. 205-206

Lundi, 8 h. ¾

Bonjour, mon Toto, je vous écris de fameusement bonne heure aujourd’hui. Je vous écris avec de l’encre toute neuve et une plume qui n’a jamais servia et qui maintenant ne servira qu’à vous. Je veux qu’elle n’ait l’habitude d’écrire qu’à vous puisque moi-même je ne sais penser qu’à vous, ne m’occuper que de vous, et vous aimer exclusivement.
Dites donc, capon [1], vous m’aviez promis de revenir cette nuit, vous avez joliment tenu parole, vous êtes un joli garçon, allez. Au fait, tant pis pour vous, et encore plus tant pis pour moi, car je vous aurais fait le plus charmant accueil qui se puisse voir si vous étiez venu. Maintenant que voici la journée entamée, je ne sais pas quand je vous verrai, mon tour n’étant inscrit que le dernier sur la liste des grâces et des faveurs. Tenez, j’ai bien envie de prendre le parti de ne plus vous aimer du tout, pour que toutes vos atrocités me deviennent indifférentes. Mais j’ai beau me tâter de tous les côtés, je sens que je ne le peux pas. Il faut que je me résigne à vous aimer de toutes les forces de mon âme, quels queb soient vos torts envers moi.
Tiens, mon cher petit Toto, si tu viens bientôt me voir, je retirerai toutes mes plaintes, je te baiserai les pieds et les mains, je te donnerai les noms les plus doux et les plus tendres, je te ferai cent mille caresses les plus amoureuses du monde. Et puis si tu viens tard ou si malheureusement tu ne venais pas du tout : je te baiserai encore tes petits pieds et tes jolies petites mains, et je t’appellerai mon Toto et je te donnerai beaucoup d’amour quels quec soit l’heure, le jour où tu viendras me voir. Je suis toujours trop heureuse de ce que tu veux bien me donner et puis je t’aime trop.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16324, f. 205-206
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « servie ».
b) « quelques ».
c) « quelque ».

Notes

[1Capon : peureux.

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