26 janvier 1859

Guernesey, 26 janvier 1859, mercredi, 9 h. du matin.

Bonjour, mon bien-aimé, avec la joyeuse pensée de notre petit festival de ce soir que tu assaisonnes^a de tant de douces et aimables choses de ton cœur et de ton esprit. J’espère que tu auras bien dormi cette nuit et que rien ne troublera mon bonheur aujourd’hui. En attendant, tu vois que je suis les traditions du bon roi Dagobert en prenant, non ma culotte, mais mon papier à l’envers. Heureusement que cela n’empêche pas mon cœur d’aller droit devant lui jusqu’à ce qu’il rencontre le tien, car de quelque façon que je m’y prenne, mon cher bien-aimé, sur la tête ou sur les pieds, je t’aime de toute mon âme. Je voudrais bien que tu puisses^b me donner à copire aujourd’hui pour la commencer demain. Voilà déjà bien longtemps que j’attends après toi, mon cher petit homme, il est vrai que tu n’as plus guère besoin de mon aide maintenant. Enfin je t’en fais REMEMBER et je n’oublie jamais de t’adorer.

BnF, Mss, NAF 16380, f. 23
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette

a) « assaisonne ».
b) « puisse ».