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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 28 décembre [18]64, mercredi matin, 8 h. ¼

Bonjour, mon ineffable bien-aimé, bonjour je t’adore. La présence de ton cher petit signal [1] me fait espérer que tu as passé une meilleure nuit que la mienne qui a été très agitée et sans sommeil pour ainsi dire. Mais ne t’inquiète pas, je n’ai pas souffert et je vais très bien ce matin. Je sais trop à quoi je me suis engagée hier envers toi pour faire autrement, et à ce propos, je serais tentée de faire comme le petit bourgeois du Luxembourg qui pleurait de n’avoir plus faim pour finir sa brioche. Moi, ce n’est pas la faim de votre ravissant Bibelot qui me manque, au contraire, mais c’est la place où le mettre que me fait défaut absolument. Aussi, mon trop généreux homme, j’hésite à te priver de cette belle boîte qui t’est si utile pour l’accaparera uniquement par gourmandise et goinfrerie d’une amusante belle chose faite par toi et pour toi. À moins que tu n’en trouves la place chez moi et je m’entends, place HONORABLE, je ne veux pas t’en dépouiller. C’est la seule occasion que j’aie d’avoir un semblant de générosité envers toi, c’est bien le moins que tu en profites en gardant ton joli petit [meuble-COFFRE ?] À PAPIER ! Je le veux ! Profitez du moment car il n’est pas dit que ce bon mouvement persiste longtemps, profitez-en pendant que je l’ai, je ne te dis que ça. Quel pied de nez pour la curiosité du citoyen Quesnard [2] quand il viendra samedi ! En attendant il m’est doux de penser que je te rends ton beau cadeau, ce qui est peut-être encore plus grand que si je te l’avais donné de PREMIÈRE HAND. Accepte-le, mon doux adoré, comme un souvenir de notre mutuel amour et sois béni.

J.

BnF, Mss, NAF 16385, f. 278
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette

a) « acaparer ».

Notes

[1Hugo accrochait un torchon à la balustrade de son balcon pour indiquer son réveil à Juliette.

[2Surnom que donne Juliette Drouet à Kesler.

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