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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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17 octobre [1843], mardi matin, 7 h. ¼

Bonjour mon adoré bien-aimé, bonjour le plus aimé et le plus charmant des Toto, bonjour, bonjour, je t’aime.
Il y a déjà bien longtemps que je suis éveillée mais il m’a fallu attendre que ma servarde le soit. Je viens de l’envoyer chez Jourdain avec un mot pour le prévenir qu’il ait à envoyer poser les tapis plutôt que je ne lui avais dit à cause de la place et pour le prévenir de faire apporter tout ce qu’il faut pour ça. Dès que j’aurai fini, je me jetterai au bout de mon lit pour ranger toutes mes porcelaines et pour fourbir moi-même l’extérieur de mon MACHIN qui est si beau que je ne sais quel nom lui donner. Tu ne peux pas te figurer l’admirable effet qu’il fait déjà même avec le peu de jour. C’est véritablement là sa place. Quand tu le verras tu en conviendras. Pauvre bien-aimé, tu serais bien gentil si tu voulais venir m’aider de tes conseils et de tes FAIBLES LUMIERES dans mes arrangements d’aujourd’hui. Et puis ce serait une occasion de vous voir et de vous baiser, choses toujours trop rares à mon gré.
Il me semble que vous n’avez point d’Académie aujourd’hui ? Hum ! Rien n’est moi sûr, car je crois me souvenir que le mardi est un de vos jours à vous autres. Tu pourrais toujours venir un peu en y allant ? Tâche que ce soit, mon Toto chéri, et je serai encore plus contente que de mon armoire. Fouyou continue ses poses académiques tout autour d’elle. Son admiration n’est pas encore blasée. C’est comme la mienne, Dieu de Dieu c’est bien joli  ! Ce l’est moins que toi toujours.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16352, f. 215-216
Transcription d’Olivia Paploray assistée de Florence Naugrette


17 octobre [1843], mardi soir, 9 h. ¾

Je tombe de fatigue, mon Toto, mais je ne veux pas me coucher sans t’avoir dit ma prière du soir : mon Toto, je t’aime, mon Toto, reviens cette nuit, mon Toto, je t’adore. Ce sera un baumea pour moi et un délassement que de te dire que je t’aime plus que de toute mon âme.
J’ai bien regretté que tu ne sois pas venu tantôt me donner ton avis pour cet arrangement intérieur. Méchant petit homme, vous étiez encore occupé de votre chenil et vous ne vous inquiétez pas du mien. Pauvre ange adoré, tant mieux si tu trouvesb quelque douceur et quelque soulagement à cette occupation. J’aimerais mieux cependant que ce soit auprès de moi et en moi que tu trouves cette distraction et cette consolation. Mais j’aime mieux aussi que tu l’aies chez toi plutôt que de te savoir abîmé dans la douleur comme je ne t’ai que trop vu tous ces derniers temps.
J’ai bien mal à la gorge mon amour, depuis que je suis revenuec à Paris. Je souffre de la gorge mais la fatigue et la poussière d’aujourd’hui me l’ont redoublé ! Je vais me dépêcher de me coucher. Dépêche-toi de venir aussi toi pour que j’oublie en te voyant tous mes tracas de la journée !

Juliette

BnF, Mss, NAF 16352, f. 217 et 218
Transcription d’Olivia Paploray assistée de Florence Naugrette

a) « beaume ».
b) « trouve ».
c) « revenu ».

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