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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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5 mai 1842

5 mai [1842], jeudi soir, 10 h. ½

Mon amour, mon amour, je ne te ferai plus mourir de faim sous aucun prétexte et pour aucune veuve de la nature. Tu peux venir bâfrera et bouffer à ton aise et à bu que veux-tu. Je te donnerai du bon fricot. Baise-moi, mon Toto chéri et viens me faire enrager si tu l’oses. A propos de faire enrager la mère Pierceau a trois nez de carton les uns sur les autres. Voici comment : Mme Franque qui tient à ses liards aime mieux se cacher encore que de payer la mère Ribot, ce que je comprenais hier et ce que je ne comprends plus du tout aujourd’hui. J’avoue que lorsqu’on a de l’argent dans sa poche et de l’amour dans le cœur et qu’on préfère garder son cœur et se priver [du  ?] bonheur, on est mille fois absurde et que je ne comprends plus du tout. Ma fortune, si j’avais une fortune, je la donnerais pour te voir une seconde plutôt et je donnerais mille fois ma vie pour prolonger d’une minute le bonheur d’être avec toi. Enfin cette brave femme ça la regarde. Donc elle [ira  ?] coucher chez Mme Pierceau, attendu que ma maison est hermétiquement fermée à tout espèce de mâle autre que vous. La pauvre Mère Pierceau enrage et moi je ris d’un rire satanique. Je suis trop heureuse d’avoir expectoré notre arêtte. Dites-donc, académicien, dit-on arête ou arette ou ARRÊTTE ? Vous me direz cela tout à l’heure, en attendant je vous baise de l’âme, je vous attends et je vous adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 17-18
Transcription de Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette

a) « bâffrer ».

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