7 juin 1870

Guernesey, 7 juin [18]70, mardi matin, 4 h.

Même heure, même canon [1], même temps, même bonjour, même cœur et même âme qu’hier, mon cher adoré, et vous ? « That is the question » [2] que vous n’écoutez pas, j’espère, ayant quelque chose de mieux à faire, de dormir comme un noir. Moi je crois que j’inaugure, non sans succès, les nuits courtes et bonnes. Le vent est toujours TRES FORT mais favorable au bateau de Weymouth [3] qui me fait espérer que tes enfants arriveront de bonne heure et sans trop de mal en point. J’ai pris sur moi de ne rien dire à Marie et de tout confier à Suzanne y compris une nappe et sept serviettes. J’ai seulement prévenu Marie que tu désirais que cela fût ainsi pour le premier jour mais, que pour lui en épargner la peine, Suzanne se charge de mettre le couvert de la cuisine. Je ferai les bulletins de chacune^a des personnes y compris des Marquand, dans le cas où tu les aurais à table ce soir. Ai-je bien fait Mon Maître ? Oui, grosse bête ! Merci ! [4]

BnF, Mss, NAF 16391, f. 158
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette

a. « chaqu’une ».