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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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7 novembre [1839], jeudi, midi ½

Depuis ce matin, mon adoré, je ne suis occupée qu’à gronder et qu’à nettoyera. J’ai les mains sales et les reins malades. Je ne peux pas m’empêcher de joindre l’exemple au précepte et cela me fait beaucoup de mal : plus je vais et moins je peux supporter les fatigues du corps. Je souffre beaucoup ce matin des reins et du bas-ventre. N’est-ce pas que j’ai bien fait, mon petit homme, de vous faire violence cette nuit ? Et n’est-ce pas que je ferai bien de faire toujours la même chose à l’avenir ? Sans ma persévérance, j’aurais manqué un des plus grands bonheursb de notre vie tandis qu’en insistant je l’ai eu et aussi complet que dans nos premiers jours d’amour et de frénésie. Voilà déjà plusieurs fois que cela me réussit et cependant vous résistez toujours. C’est que vous ne m’aimez pas comme je vous aime, vous. C’est [que] vous ne craignez pas de remettre au lendemain un bonheur qu’on ne saurait trop prendre le jour même. Je vous dis qu’une autre foisc je vous écouterai pas et que je vous forcerai à m’obéir. Jour Toto. Jour mon petit To. Il fait bien mauvais temps ce matin, il n’y a pas moyen de sortir et je doute que tu puissesd nous mener quelque part ce soir. Cependant je te le demanderai pour ces pauvres enfants qui n’ont de vacances que le nom et de plaisir que des promesses. Baisez-moi, Toto. Baisez-moi, mon cher petit To. Je vous aime. Je vous adore et si vous n’êtes pas content, je vous propose un duel à mort et dont je me réserve le choix des armes. Vous êtes mon cher petit homme bien-aimé que j’adore et que j’attends.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16340, f. 23-24
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Jean-Marc Hovasse

a) « nétoyer ».
b) « bonheur ».
c) « autrefois ».
d) « puisse ».


7 novembre [1839], jeudi soir, 6 h. ¼

Bonjour, cher bijou. Partout où vous êtes je suis avec vous en pensée et en âme. Je voudrais y être en corps pour vous faire enrager et pour vous ennuyera surtout quand vous êtes en compagnie de femelle quelconque. J’espérais que vous viendriez tantôt et que je pourrais vous baiser de toutes mes forces et vous demander en même temps ce que vous comptiez faire pour ces petites péronnelles ce soir. Elles jabotent tout bas dans ce moment-ci et vous envoientb des baisers dans la personne de votre image. Je crains bien que toute leur tendresse n’ait une amère et cruelle déception ce soir quand ellesc verront qu’il n’y a pas plus de spectacle que sur la main. Je ne suis pas fâchée que ces jeunes premières se désillusionnent à votre endroit à fin qu’il n’y ait plus que moi qui vous aimed malgré tous vos torts. J’ai eu Gérard tantôt avec sa sœur la couturière, j’ai payé la façon de ma robe qui se montait avec les fournitures à 16 francs. Suzanne m’a prêté 6 francs. En attendant ton retour, j’ai donné mes deux chapeaux de velourse à arranger, je les aurai cef samedi en huit. Du reste, je n’ai vu personne d’autreg mais il faudra répondre à Manière aujourd’hui absolument, n’est-ce pas mon Toto ? Je vous aime, mon bon petit homme. Je vous aime de toute mon âme, de toutes mes forces, de tout mon cœur et de tout mon moi. Mais vous ne venez pas, mon adoré, et je suis triste quelsh que soienti mes efforts pour ne pas le montrer. Je vous aime trop, mon pauvre bien-aimé, c’est bien vrai.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16340, f. 25-26
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Jean-Marc Hovasse

a) « ennuiyer
b) « envoie ».
c) « elle ».
d) « aiment
e) « velour ».
f) « de ».
g) « autre ».
h) « quel ».
i) « soit ».

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