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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 13 novembre 1860, mardi soir, 5 h.

à peine viens-tu de me quitter, mon cher bien-aimé, que déjà mon cœur et ma pensée courent après toi pour te ramener, comme s’il suffisait de toutes les aspirations les plus tendres de tout mon être pour hâter ton retour avant que tu en sentesa le désir et le besoin. Je sais qu’il n’en est rien et qu’il faudra que j’attende que tu aies fini tes petites affaires [1] avant de songer à revenir auprès de moi mais cela ne m’empêche pas de le désirer de toutes mes forces. Je n’avais pas pu t’écrire hier, mon cher adoré, tu sais pourquoi. Aujourd’hui encore j’ai passé toute ma journée en remue-ménage. Cependant j’espère que cela touche à sa fin et que je remonterai bien tôt dans ma belle chambre ; je fais pour cela des pieds et des mains pour faire avancer Marie Turpin qui ne demanderait pas mieux que de traîner la chose en longueur sous toutes sortes de prétextes plus ou moins spécieux. En attendant, je suis bien heureuse du souvenir de notre ravissante promenade d’hier. Quelle bonne inspiration j’ai eu de prendre un bain hier et comme tu es bon de m’avoir fait faire cette délicieuse tournée par ce beau temps et par cette entente si douce et si tendre de nos deux cœurs et de nos deux âmes. Il me semblait, tant j’étais heureuse et ravie, que je me promenais avec toi pour la première fois et que mon bonheur en était encore à sa première extase en écoutant ta chère voix et en respirant ton haleine qui m’enivre comme un baiser.

BnF, Mss, NAF 16381, f. 292
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

a) « sente ».

Notes

[1Juliette parle avec pudeur des préoccupations pécuniaires de Victor Hugo ce jour : « compté avec ma f. son compte son mois (du 1er 9bre au 1er Xbre) - donné à Marie Sixty 2 mois de gages - payé la matelassière » (CFL, t. XII, p. 1349).

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