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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 13 oct[obre] [18]72, dimanche, 6 h. ¾ du m.

Merci, mon cher adoré, de t’être trouvé si exactement au rendez-vous du signal [1] qui est celui de mon cœur, de ma pensée et de mon âme tous les matins. Je te remercie d’être resté un peu plus longtemps que de coutume sous mes yeux ; mais je te supplie, quelque soit le bonheur que j’en éprouve dans le moment, de te hâter et de ne pas rester sans chapeau et au brouillard plus de temps qu’il ne faut pour te laisser voir au passage de la serviette [2]. C’est à moi à en guetter le moment. C’est bien le moins puisque c’est moi seule qui en profite. Je ne sais pas comment se comportera le soleil aujourd’hui mais pour l’instant il fait une assez triste figure ce qui me fait craindre pour nos projets de promenade toujours en permanence et toujours ajournésa. À ce propos, sans t’en douter tu as remué la fibre trop sensible de la pauvre Blanche hier en annonçant que quoi qu’il advienne tu n’iras pas à Paris cette année [3]. La pauvre fille me le faisait remarquer en soupirant pendant qu’elle me déshabillait. Sans me prononcer aussi péremptoirement que toi sur cette question je lui [ai] répondu que c’était infiniment probable, ce qui l’a médiocrement réjouie. Mais que faire à cela ? That is the question fort difficile à résoudre et que je laisse pendante tant qu’elle voudra bien rester dans cette situation. Je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16393, f. 284
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette

a) « ajournées ».

Notes

[1Voir Torchon radieux.

[2Voir Torchon radieux.

[3Blanche, nouvellement au service de Juliette Drouet, est la fille adoptive des Lanvin qui habitent Paris. C’est à la demande de Juliette que Blanche a été placé à son service, et c’est la première fois qu’elle quitte la capitale et ses parents si longtemps. Rapidement, celle-ci aura le mal du pays et souhaitera prendre des congés pour aller visiter sa famille en France. Juliette proposera ainsi à Hugo de faire venir Mme Lanvin à Guernesey durant l’hiver 1872 pour tenir compagnie à sa fille. C’est à cette époque qu’Hugo entreprend sa conquête. Le 1er juillet 1873, soupçonnant cette liaison, Juliette la congédie et la renvoie en France. Elle reviendra secrètement quelques jours plus tard avant de quitter définitivement Guernesey le 21 juillet 1873. Quelques jours plus tard, Juliette et Hugo quitteront à leur tour l’île pour rentrer en France le 30 juillet 1873.

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