27 août 1872

28 août 1872

Guernesey 27 août [18]72, mardi 2 h. ¾ après midi.

Nous avons eu tous les deux mauvaise nuit, mon pauvre adoré, mais ce qui n’a aucune importance pour moi qui n’ai rien de mieux à faire, est chose grave pour toi et pour tous ceux dont tu es la lumière et l’amour et le nombre en est grand sans me compter. Tant que je ne t’ai pas eu vu accrocher ton cher petit signal [1] j’ai eu le cœur serré et l’âme triste ; heureusement mon inquiétude n’a pas duré trop longtemps. Je me suis même fait l’illusion à plaisir que tu regardais de mon côté avec tendresse et avec joie et j’en ai été si heureuse que j’en ai remercié Dieu tout de suite. Cette confiance dans ton amour mérite que tu la justifies^a n’est-ce pas mon sublime adoré ? Quand à tes merveilleux petits-enfants mon cœur ne sait auquel entendre tant ils sont également beaux, bons et charmants tous les deux. C’est un vrai régal des yeux et du cœur pour moi chaque fois que je les vois. Depuis ce matin je trime les comptes de celle-ci, Ambroisine, et de celle-là, Suzanne et j’ai payé^b les notes d’Agnew d’après ton ordre. Puis j’ai remis en place mes Bibelots d’or et d’argent, non sans regretter mes beaux couteaux à manches d’argent dont les lames sont rongées par la rouille à ce point qu’Agnew doute qu’on puisse les dérouiller. J’aurais mieux fait de les laisser dans leur boîte tout bêtement. Une autre fois^c je n’y manquerai pas à moins que je ne les emporte avec moi. Si nous nous fixons assez longtemps quelque part hors d’ici. En attendant j’entasse sous et liards et nain jaune [2] pour ce soir et je t’aime dix cent mille éternités.