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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 13 septembre [18]77, jeudi matin 11 h. ½

Je suis fâchée pour toi, mon pauvre bien-aimé, que ton cher Paul Meurice prolonge son séjour à Veules dans le moment où tu aurais le plus besoin de son assistance si éclairée et si affectueuse. Je regrette, bien égoïste pour toi je l’avoue, son absence qui te laisse tout le fardeau des occupations multiples de la politique et de la publication de ton livre. D’autre part, la joie de tes petits-enfants va te manquer pendant quelques jours car il paraît certain que le ménage Lockroy part en voyage demain [1] ; aujourd’hui ils déjeunent tous chez Lockroy père et ce soir ils ne pourront pas, en l’absence de Meurice et à cause du chiffre 13 que fait cette absence, dîner à table avec nous. Quant au quatorzième, Lesclide, il n’y faut pas songer aujourd’hui vu la mort certaine du père d’Elzéar annoncée dans les journaux. Toutes ces complications de chiffres, d’absence et de mort ne sont pas heureuses. C’est pourquoi je ne suis rien moins que gaie en ce moment et pourtant Dieu sait si je t’aime de toutes les forces de mon cœur et de mon âme.

BnF, Mss, NAF 16398, f. 249
Transcription de Guy Rosa

Notes

[1Une note de Hugo, datée du lendemain, confirme ce départ : « Mes petits et leur mère partent aujourd’hui pour Saint-Etienne (ce soir à huit heures). Ils vont passer le reste de la saison chez Mme Dorian. » Le 15, Hugo écrit à Alice une lettre très aimable mais où le regret des absents prend ce tour quelque peu étrange : « Je fais un rêve : j’espère que nous serons bientôt tous proscrits, que Georges sera condamné aux galères, et que Jeanne sera condamnée à mort, et qu’alors, avec tous nos amis, condamnés eux aussi à de bons bagnes, nous pourrons vivre ensemble, à Hauteville-House, près de la mer qui vaut les montagnes, et seul refuge possible dans l’univers.
Sur ce, je vous embrasse. » (éd. citée, p. 538)

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