7 avril 1842

7 avril [1842], jeudi soir, 7 h. ½

Quel bonheur, mon adoré, te voir, t’entendre, te caresser et t’adorer, tout cela à la fois, c’est le bonheur le plus complet que je puisse éprouver et c’est celui que je viens d’avoir tout à l’heure. Malheureusement, il est toujours trop court et toujours trop rare, mais enfin quand je l’ai, c’est la joie suprême. Cette pauvre Clarinette a été bien attrapée^a tout à l’heure avec le dessin, cela m’en a fait de la peine pour elle, mais cependant je n’ai pas pu me décider à lui donner mon trésor. Tout ce que je peux faire, c’est de te prier d’en faire un pour elle ce soir et lorsqu’il sera fait de te laisser le lui donner, ce qui ne sera pas une chose facile et sans mérite de ma part. Voilà tout ce que je peux faire pour elle. Pauvre bien aimé adoré, je voudrais être à la fin de la soirée pour t’avoir. J’espère que ce n’est pas aujourd’hui ta visite d’indigestion et d’ailleurs, si tu vas chez Louis-Philippe, tu en reviendras de bonne heure, n’est-ce pas mon petit homme  [1] ? Je t’aime, mon Toto, ça n’est pas nouveau mais c’est aussi vif que le premier jour. Je t’aime d’un amour ineffable en tout, pour tout et par tout. Je t’aime comme on aime le bon Dieu et comme on aime l’homme qu’on trouve le plus beau, le plus noble et le plus sublime du monde entier. Je baise tes pieds divins et tes lèvres adorables.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16348, f. 249-250
Transcription de Anne-Estelle Baco assistée de Florence Naugrette

a) « attrappé ».