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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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16 novembre [1835], lundi matin, 10 h. ¼

Bonjour, mon bien-aimé adoré, comment as-tu passé la nuit ? Comment te trouves-tu ce matin ? Je crains que tu n’aies fait quelque imprudence cette nuit et que tu ne sois plus malade ce matin. Cette pensée me tourmentera jusqu’au moment où je te reverrai. Tâchea que ce soit le plus tôt possible afinb que je souffre le moins longtemps.
Pauvre cher petit homme, tu ne peux pas savoir à quel point je t’aime parce qu’aucun langage humain ne peut l’exprimer, mais je t’aime de toute mon âme, de toutes mes forces, de tout mon cœur. Je suis sans cesse occupée de toi. Je te désire absent, je t’adore présent. Enfin je n’ai de joie et de bonheur qu’en toi. Tu dois penser, mon pauvre ange, combien je suis triste et inquiète aussitôt que tu souffres puisqu’auc chagrin tout naturel de te savoir souffrant se mêle le regret de ne pouvoir te donner mes soins jour et nuit et la crainte que ton mal ne te retienne chez toi plusieurs jours. Je ne sais pas comment je ferais pour supporter ton absence dans ce cas-là. Rien que d’y penser, cela me donne un mal de tête fou.
Je te prie, mon cher petit homme, et si tu m’aimes tu dois m’entendre, je te prie de venir le plus vite possible parce que je suis très tourmentée de ce qui s’est passé cette nuit, surtout sachant que tu avais la mauvaise intention de travailler. J’espère que tu auras bu ton lait aux figues. Cet espoir me fait presque du bien à moi.
Je t’aime, mon Victor chéri.

J.

BnF, Mss, NAF 16325, f. 124-125
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « tâches ».
b) « à fin ».
c) « puisque au ».


16 novembre [1835], lundi soir, 8 h.

Je suis bien contente, mon cher petit homme, que tu ailles mieux. J’avais été bien tourmentée toute la journée. Je voudrais bien qu’à l’avenir, mon cher petit homme, vous ne fussiez pas aussi susceptible pour des brusqueries qui viennent d’un cœur trop aimant et qui n’admet pas sans impatiencea toutes les petites entraves coquettes qu’on apporte à un dévouement et à une sollicitude naturelle et simple. Vous m’avez affligée en y mettant de l’importance dans le moment et vous m’avez affligée une seconde fois en m’en reparlant en vous en allant. Cela m’a prouvé que vous m’aviez gardé rancune malgré la prière que je vous avais faite d’être gaie et sans arrière-pensée mauvaise.
La vie triste et solitaire que je mène me prédispose à la tristesse et au découragement, et il faut bien moins que la bouderie de tantôt pour faire du reste de ma soirée un temps d’attente pénible et de tristes pensées.
Quoi qu’il en soit, je suis trop heureuse que tu ailles mieux. Je vais m’occuper de ton gargarisme. Tu le trouveras tout prêtb à ton retour.
La portière m’a accrochée au passage. J’ai été obligée d’entendre une histoire absurde dans le genre de celle du pompier et que je te raconterai en détails.
Je t’attends, mon cher petit homme, et je t’aime de toute mon âme.

J.

BnF, Mss, NAF 16325, f. 126-127
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « sans impatiences ».
b) « tout près ».

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