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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Bordeaux, 27 février [18]71, lundi soir, 5 h.

Mon cher bien-aimé, cette belle journée, loin de me porter à la joie, me donne au contraire une immense envie de pleurer. C’est que je pense à notre petit paradis perdu de Guernesey, à nos douces promenades autour de l’île que nous ne referons peut-être jamais, à notre paisible vie si paisible et si heureuse, à ta gloire incontestée, à ton génie rayonnant sur le monde entier, à ta parole sublime écoutée religieusement des quatre points cardinaux, comparés avec ce qui se passe ici et ce qui te menace dans l’avenir, et je suis triste jusque dans le fond de l’âme. Je n’ose souhaiter un bonheur égoïste, en demandant à Dieu celui que je regrette si amèrement, parce que je ne suis pas sûre que ton cœur éprouve le même besoin que le mien. Mais je lui demande ardemment d’éloigner de toi tous les calices qu’on te tend de tous les côtés à la fois et de te garder de tous les périls.

BnF, Mss, NAF 16392, f. 11
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette

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