15 février 1870


Guernesey, 15 février [18]70, mardi matin, 8 h.

Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour, sois béni. Comment as-tu passé la nuit, mon grand adoré ? Je te le demande avec le désir ardent qu’elle ait été bonne et qu’elle dure encore. J’espère aussi que la bouderie du chien de M^me Chenay se sera dissipée pour faire place à la bonne humeur. Mariette elle-même s’en est trop ressentie hier, car elle était à bout de patience, paraît-il. Le pauvre bon toutou ne se doute guère de la perturbation domestique dont il est la cause et la victime innocente. Après cela, on n’est pas parfait, bêtes et gens nous avons tous notre côté FOUAIBLE. Il n’y a que vous qui ayez la GUEULOUAIRE d’être le génie et l’archange par excellence dont je baise les pieds et les ailes depuis trente-sept ans déjà. Demain, jour anniversaire de mon bonheur, je te prierai d’écrire sur mon cher petit livre rouge [1] quelques mots qui le consacrent^a une fois de plus.

BnF, Mss, NAF 16391, f. 46

Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette

a) « consacre ».