Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1868 > Octobre > 25

Guernesey, 25 octobre [18]68, dimanche, 8 h. du m[atin]

Je ne t’ai pas vu, mon cher bien-aimé, mais je sais que tu viens d’arborer ton signal à l’instant même parce que je te guettais depuis une heure. Il paraît, d’après le retard de ton lever ce matin, que tu n’as pas bien dormi ; pourquoi cela ? Je vous défends d’aller sur mes insomnies en faisant concurrence à mes mauvaises nuits. Ce double emploi est de trop, et vous prie de m’en laisser tout le bénéfice. D’ailleurs vous n’avez pas les capacités voulues pour ce genre d’exploitation ; j’entends et je prétends jouir seule de mon privilège de goutteuse, de rhumatismeuse et de quinteuse. Tenez-vous-le pour dit et n’y revenez plus, autrement je vous traînerai en cour et je vous logerai au greffe, ni plus ni moins qu’un usurpied [1] que vous êtes. Tremblez et dormez, voilà mon ULTIMATUM. Pendant ce temps-là, la pluie continue de tomber, Griffon de dormir en l’honneur de ses pattes et du saint jour du dimanche, Suzanne est à la messe et moi je broie de l’amour mêlé d’ineptie à grande dose. Donc tout est bien. Je t’aime, je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16389, f. 293
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Juliette Drouet invente un mot-valise avec « usurpateur », en référence à la justice et avec « pied » en référence à la goutte et aux rhumatismes.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne