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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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13 juillet [1839], samedi matin, 10 h. ½

Bonjour mon cher petit bien-aimé, bonjour mon petit homme chéri. J’espère que j’ai joliment bien fait de prendre mon bien cette nuit où je le TROUVAIS, hein ? Si je vous en avais cru, j’aurais encore laissé aller l’occasion mais j’ai eu le bon esprit de la saisir par son bon endroit, ce dont je m’applaudis fort. Voilà comme je suis, moi, et je m’en fais MON compliment. Il fait bien beau encore aujourd’hui, nous verrons si vous me ferez sortir. Je serai prête, ne fût-cea que pour vous faire enrager. À propos vous avez oublié de prendre mes lettres cette nuit ? C’est très gentil, surtoutb que vous n’êtes pas revenu les chercher ; pour un peu je ne vous finirais pas celle-ci pour vous apprendre à avoir de la mémoire, ou des jambes, ou du cœur. Au reste, c’est parce que vous l’exigez que je vous écris ces gribouillis quotidiens, moi je n’en ai pas besoin pour penser à vous et pour vous aimer de toute mon âme. Ainsi donc ce n’est que pour satisfaire à une exigence, car quelc nom donner au motif qui vous fait demander ces lettres puisque vous ne les lisez pas ? Et puis si je suis une vieille bête, baisez-moi et aimez-moi, car c’est l’excès de mon amour pour vous qui me rend encore deux fois plus stupide. Jour Toto, baisez-moi. Papa est bien i !

Juliette

BnF, Mss, NAF 16339, f. 105-106
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Jean-Marc Hovasse

a) « fusse ».
b) « sur tout ».
c) « qu’elle ».


13 juillet [1839], samedi soir, 6 h.

Quelque part que tu sois, mon adoré, que mon souvenir t’arrive plein d’amour et de tendresse. Je t’aime d’une manière ineffable. Je t’ai suivi de l’œil, mon Toto, tant que j’ai pu te voir, maintenant je te suis de l’âme et de la pensée. Tâche de venir me prendre pour n’importe quoi mais surtout pour être avec toi et rien qu’avec toi. J’ai trouvé Mme Pierceau chez elle, je lui ai remis les 18 francs de Mme Krafft. Au reste, elle ne l’a pas vue de cette semaine ni entendu parler d’elle. J’ai une faim sterling, ça se trouve bien, mais je vais envoyer chercher de quoi chicoter. C’est bien le moins, puisque vous ne me donnez pas les fauteuils, que je me donne des BOSSES. Jour mon Toto. Jour un petit o. Je veux m’en aller encore à pied ce soir parce que ça me fait grand bien et que c’est très i et puis nous boirons de la bièrea. J’ai une soif d’enragée. Dans ce moment-ci je suis au grand complet : j’ai faim, j’ai soif et je vous adore. Baisez-moi vieux vilain. Et ne m’oubliez pas jusqu’à minuit au clou où vous m’avez accrochée. SURVEILLEZ-MOI.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16339, f. 107-108
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Jean-Marc Hovasse

a) « bierre ».

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