Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1840 > Juillet > 7

7 juillet [1840], mardi après-midi, 3 h.

Je suis bien contente, mon cher bijou, d’avoir fini avec Chapelle, je voudrais bien pouvoir en dire autant de l’affaire de Mme Krafft qui traîne outre mesure. Tu dois cependant sentir, mon Toto, à quel point j’ai raison de désirer d’éteindre une dette toute de complaisance et de bonne grâce qui dure depuis une année. Tu es trop juste pour ne pas sentir comme moi et tu devrais bien faire un effort sur ta préoccupationa, sur ta paresse et sur tes fonds secrets pour acquitter cette vieille dette. Il te suffit d’écrire à un gaillard ou à un rampin [1] quelconque d’envoyer les livres chez le relieur en le prévenant que c’est pour toi et en nous promenant nous porterions l’exemplaire modèle chez le relieur. Je peux toujours, en attendant le prix exact de la robe [2], payerb les 7 f. d’emballage et de façon. Enfin, mon cher adoré, tire-moi cette épine du pied le plus tôtc possible, tu seras bien bon et je t’en serai bien reconnaissante. Il fait un temps ravissant maintenant et je m’abonnerais bien à sortir avec vous pour tout le reste de la journée. Je vous aime Toto, je vous ai fait une belle ceinture. Je vous ai dérouillé votre instrument et vous ne m’avez pas donné un pauvre petit liard pour ma tirelire, c’est très vilain de votre part et une autre foisd je ne vous ferai plus rien. Vous porterez vos zaillons et votre panoplie où vous voudrez, je ne fourbirai ni l’une ni je ne raccommoderai les autres sans argent. Baisez-moi vieux scélérat et tâchez de ne pas aller à Saint-Prix [3] avec votre air de sainte Nitouche. Je vous crois capable de tout en général et du voyage de Saint-Prix aujourd’hui en particulier. Je vous adore mon bon petit homme. Vous avez fait un beau dessin à ma péronnelle [4] et qui me servira à faire faire ma broderie pour mon lit. Baisez-moi encore je vous dis que je vous aime de toute mon âme et que vous le méritez bien.

Juliette

BnF, Mss, NAF, 16343, f. 15-16
Transcription de Chantal Brière

a) « préocupation ».
b) « payé ».
c) « plutôt ».
d) « autrefois ».

Notes

[1Les banquiers Gaillard et Rampin sont membres de la « Société en commandite pour l’exploitation des œuvres de Victor Hugo sous la raison sociale Duriez et Cie » à laquelle Hugo a cédé en octobre 1838 pour dix ans la propriété exclusive de ses œuvres.

[2Par l’intermédiaire de Mme Krafft, Juliette aurait commandé une robe que la douane retient tout en réclamant des frais, ce qui est source de dissensions entre les deux amies.

[3La famille Hugo s’est installée au château de la Terrasse à Saint-Prix pour l’été.

[4Il s’agit de sa fille Claire Pradier.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne