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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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8 juin 1840

8 juin [1840], lundi après-midi, 5 h.

Je vous écris bien tard, mon adoré, parce que c’est aujourd’hui jour de blanchisseur et jour de péronnelles. J’ai écrit, le linge d’une part et écouter les sornettes de mes petites commères de l’autre, plus votre tisanea et ma personne à peigner et à débarbouiller. J’ai eu aussi la penaillon à qui j’avais demandé du jaconasb et qui m’en a apporté 2 pièces avantageuses, comme elle dit dans son langage de marchande. Je les lui ai prises et je lui ai dit que je les lui paierais le 15 de ce mois. Maintenant je prierai la Pierceautte [1] de me les tailler et puis je les ferai faire tout de suite car mes chemises peignoirsc sont tout à fait hors de service et qu’il faut encore un peu de temps pour les faire. J’ai fait pour le mieux, et avec ton approbation, car je t’en avais prévenu. Je vous aime mon petit Toto. Vous seriez bien gentil de venir dîner avec nous, j’espère que la Pierceautte ne viendra pas car elle m’avait dit qu’elle viendrait de bonne heure et puis je pense qu’elle se sera fait inviter hier en s’en allant à dîner chez Mme Triger. C’est plus près que chez moi et j’aime mieux ça. Claire travaille et moi je t’écris, c’est très gentil. Si tu pouvais nous faire marcher un peu ce soir ce serait charmant mais je n’ose pas y compter. Tâche de venir très tôt, cependant, car j’ai bien besoin de te voir et de te baiser sur toutes les coutures. Il fait un temps ravissant et je n’en profite pas ce qui est hideux. À quoi donc serventd la campagne pour ta famille [2] et la liberté pour toi si nous n’en profitons pas un peu pour respirer ? Vous êtes une vieille bête et je le dirai à mes petites femelles qui vous ZURONT [3]. Baisez-moi alors, vous êtes mon grand Toto que j’aime et que j’adore mais qui ne me fait pas sortir du tout.
Pensez à mon petit chapeau chinois et apportez-le-moi tout de suite. Je vous aime mon cher, cher petit homme. Vous avez rendu ma Claire la plus heureuse des filles en l’accablant de vos dons, moi je continue à mettre à la disposition de Dédé et de Didi [4] les deux boites. Je mets en outre tous mes baisers, tout mon amour et toute mon âme sur votre chère petite carcasse adorée.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16342, f. 199-200
Transcription de Chantal Brière

a) « tisanne ».
b) « jaconnas ».
c) « peignoires ».
d) « sert ».

Notes

[1Déformation du nom de Mme Pierceau.

[2La famille Hugo s’est installée au château de la Terrasse à Saint-Prix pour l’été.

[3Juliette créé une liaison et l’accentue : « qui vous hueront ».

[4Surnoms respectifs de Léopoldine et Adèle, filles de Victor Hugo.

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